
»Le 17 avril 1996, à Eldorado dos Carajás, dans l’Etat amazonien de Pará, la police militaire a massacré des paysans appartenant au Mouvement des travailleurs ruraux sans-terre (MST). Le bilan s’est élevé à dix-neuf morts. Ce jour-là, 1 500 femmes et hommes appartenant au MST occupaient et bloquaient l’autoroute BR-150. Leur objectif était de faire pression sur les gouvernements, national et fédéral, afin de lancer une réforme agraire. Vers quatre heures de l’après-midi, cent-cinquante-cinq policiers militaires nationaux appartenant à deux brigades ont entouré les manifestants sur l’autoroute, lançant des grenades lacrymogènes, tirant à balles-réelles et ouvrant le feu avec des mitraillettes. En plus des dix-neuf personnes décédées pendant le massacre, trois autres sont mortes des suites de leurs blessures et soixante-neuf blessés ont été dénombrés. Les autorités publiques, la police, l’armée et de puissants propriétaires locaux étaient impliqués dans la planification et le massacre lui-même. »
Du droit à la souveraineté alimentaire…
Le 17 avril 2013, en commémoration de ce massacre, le réseau international paysan Via Campesina a initié des centaines d’événements à travers le monde, rejoint par de nombreux autres mouvements. Cette journée internationale des luttes paysannes concentrait cette année sa mobilisation contre l’accaparement des terres. La marchandisation de la nature à tout prix s’exprime souvent par des expropriations en masse de personnes vivant de la culture de la terre. Celle-ci est devenue l’objet de spéculation favori de nombreux Etats et grosses entreprises. (...)
La résistance prend forme néanmoins ici et là. Des collectifs s’organisent pour défendre et répandre des pratiques et des politiques de souveraineté alimentaire. (...)
Alerte mondiale
La situation alimentaire internationale est alarmante.
Pour s’en convaincre, il suffit de regarder, par exemple, les chiffres publiés par le Barilla Centre [6] dans son rapport d’octobre 2012 :
- 868 millions de personnes souffrent de la faim, tandis que plus d’1,5 milliards sont en surpoids ou obèses.
- Pour chaque personne n’ayant pas suffisamment de nourriture, il y en a deux qui, en revanche, en consomment trop. Rien qu’aux États-Unis, environ 50% du maïs qui pourrait être destiné à un usage alimentaire est utilisé pour produire des biocarburants.
- Dans le monde, plus de 30% de la production totale de nourriture destinée à la consommation humaine est gaspillée. Ce sont ainsi 222 millions de tonnes de nourriture qui sont jetées chaque année dans les pays industrialisés ; cela suffirait à nourrir toute la population de l’Afrique Sub-saharienne (230 millions d’individus). (...)