
Sommet des systèmes alimentaires, pourquoi la #France doit se retirer :
🔸Absence de multilatéralisme : les acteurs clés sont exclus des mécanismes de gouvernance
🔸Les solutions proposées renforcent le système agro-industriel quand il est impératif de repenser nos pratiques⬇️ pic.twitter.com/inQxbWG0Xd
— CCFD-Terre Solidaire (@ccfd_tsolidaire) May 29, 2021
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« La France doit dénoncer les dérives du Sommet des systèmes alimentaires »
A quatre mois du prochain sommet des Nations unies, six syndicats et organisations de la société civile française dénoncent dans une tribune au « Monde » une rencontre qui fait fi du multilatéralisme, et demandent officiellement au gouvernement français de se retirer. (...)
Le nouveau Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires qui se tiendra en septembre 2021 aurait pu être porteur d’avancées cruciales et grandement nécessaires dans le contexte sanitaire, économique et environnemental actuel. Pourtant, de nombreuses et profondes inquiétudes assombrissent cette initiative.
Annoncé en 2019, ce sommet est le fruit d’une nouvelle collaboration entre le Forum économique mondial et le secrétaire général des Nations unies. Les Etats membres des Nations unies, traditionnels garants de ce type d’initiative, n’ont jamais vraiment été consultés et l’Assemblée générale de l’ONU n’a même pas eu à se prononcer sur le sujet. C’est pourtant son rôle : c’est elle qui a validé par le passé la tenue des sommets alimentaires mondiaux de 1996 et de 2009. (...)
Dès son annonce, ce sommet a donc fait fi d’un multilatéralisme pourtant indispensable et a progressivement marginalisé l’ensemble des acteurs souhaitant une réelle transformation sociale et écologique des systèmes agricoles et alimentaires. Un grand nombre d’Etats, de chercheurs et d’organisations de la société civile se sont ainsi retrouvés exclus des mécanismes de gouvernance du sommet ou n’ont été impliqués qu’a minima dans un faux-semblant de consultation.
Une urgence à agir
En parallèle, les organisateurs ont déroulé le tapis rouge aux principaux promoteurs d’une « révolution verte agricole » – OGM, digitalisation de l’agriculture, utilisation massive de pesticides et d’engrais de synthèse – dont on connaît les impacts dévastateurs partout dans le monde. (...)
Pourtant, l’impératif d’assurer la souveraineté alimentaire et le droit à l’alimentation des populations, et l’urgence de répondre aux crises climatiques environnementales nécessitent au contraire de repenser nos pratiques agricoles et alimentaires, de renforcer un tissu dense de fermes à dimension humaine, et de permettre aux agricultrices et aux agriculteurs de vivre dignement, partout dans le monde. (...)
Il y a urgence à agir. Les prix des denrées alimentaires flambent, victimes de la spéculation, de la dérégulation des marchés et de la crise climatique. Le monde risque actuellement une des pires crises alimentaires du XXIe siècle. Comme pour les crises de 2008 et de 2011, le problème n’est pas un manque global de production agricole, mais un grave manque de redistribution au sein des filières alimentaires et de spéculation sur les marchés agricoles.