
De sa voix grave, Alexis l’avoue : « J’aime ce métier, mais j’arrive à un stade où je ne sais pas si je vais continuer. » À 35 ans, cet accompagnant d’élèves en situation de handicap (AESH) officiant depuis neuf ans auprès d’une école élémentaire et maternelle à L’Horme (Loire) dénonce de pénibles conditions de travail. Son faible salaire, malgré une prime réseau d’éducation prioritaire, ne dépasse pas les 922 euros net par mois, par la faute d’un temps partiel imposé.
Comme ce syndiqué Snuipp-FSU, c’est tout une profession qui se retrouve à bout de souffle, alors que six syndicats appellent les AESH à se mettre en grève ce mardi 13 juin (lire page 12). La précarité, dénoncée par ces professionnels, est symptomatique des « métiers du soin et des liens », estime un rapport de l’Ires et de la CGT réalisé en janvier 2023, à savoir les métiers contribuant à des « tâches de soin, d’éducation, d’aide ou d’accompagnement », détaille le rapport. (...)
L’un des points communs que partagent ces secteurs est la perte d’attractivité à laquelle ils sont confrontés. À tel point que beaucoup tirent désormais la sonnette d’alarme. (...)
Pourquoi donc les travailleurs du lien ne répondent-ils plus à l’appel ? Les journées de travail épuisantes sont une première explication. « On doit tout savoir faire, que ce soit la toilette, l’habillage, les courses, cuisiner. On peut aussi s’occuper du courrier. Mais, d’année en année, les tâches s’alourdissent » (...)
Des tensions sur le recrutement
Les pathologies des personnes dont cette syndiquée à la CNT-SO s’occupe sont « lourdes » : d’une personne atteinte d’Alzheimer à une autre aveugle et souffrant d’alcoolisme. (...)
De fait, les tensions sur le recrutement ont en effet de terribles conséquences sur le quotidien des professionnels. « Je me retrouve parfois à devoir m’occuper de cinq personnes dans la journée, ce qui n’est pas normal ! » lance Bassam, aide à domicile chez Objectif Émergence à Montpellier. (...)
Un salaire de misère
Difficile dans ces conditions de rendre les métiers plus attrayants. D’autant que l’exercice de la fonction s’accompagne d’un salaire de misère. (...)
alors que des mesures de revalorisation ont été prononcées l’année dernière à l’occasion du Ségur de la santé – de nombreux professionnels des métiers du social et du médico-social ont pu bénéficier d’une prime de 183 euros –, ni Élisa ni ses collègues « n’ont obtenu quoi que ce soit (...)
Un « Livre blanc » remis au ministre des Solidarités
Comment alors remédier à la crise qui touche ces métiers ? Voici une problématique sur laquelle le département de la Gironde et l’Institut régional du travail social en Nouvelle-Aquitaine se sont penchés. Ces deux acteurs publics, accompagnés de professionnels, ont organisé, le 7 juin, une journée dédiée à la recherche de solutions aux difficultés des travailleuses et travailleurs des métiers du lien. Un moment d’échange et de propositions, à la fois régionales et nationales, entre ces différents acteurs qui doivent alimenter le futur « Livre blanc du travail social », un document destiné à émettre des propositions de réformes et « des pistes à mener pour transformer le secteur du travail social », souligne Mathieu Klein.Un « Livre blanc » remis au ministre des Solidarités
Lancé par le HCTS, il devrait être remis au ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, et publié « à la fin de l’été », précise le président de l’instance consultative. Les pouvoirs publics s’inspireront-ils de ces travaux pour prendre les problèmes de ces métiers à bras-le-corps ? Investir dans les métiers du lien apparaît en tout cas comme un enjeu vital.