’est un leurre de croire que les réglementations mises en place au niveau national comme européen suffisent à nous protéger – citoyens, contribuables – d’une prochaine crise financière : le problème fondamental des banques “trop grandes pour faire faillite” et des risques qu’elles représentent pour la stabilité du système financier, et la salubrité de l’économie et de la société dans son ensemble, reste entier. Et en la matière, les grandes banques françaises sont malheureusement exemplaires.
Les législateurs, gouvernements et parlements semblent avoir la mémoire courte : en 2009, on nous expliquait qu’un changement fondamental était nécessaire, qu’il fallait encadrer fermement les pratiques bancaires afin d’éviter que le fiasco de 2008 ne se reproduise, avec ses conséquences désastreuses sur la société tout entière. Aujourd’hui, la réalité est bien différente : à Bruxelles, des gouvernements parmi les plus influents, France en tête, sont occupés à limiter la portée du règlement sur la structure des banques, qui introduirait une certaine forme de séparation entre banques d’affaires et banques de dépôt à l’échelle européenne. Cela au nom de la préservation du modèle bancaire français, celui de la banque universelle “trop grosse pour faire faillite”.
Les “too big to fail” françaises
Contrairement à ce que leurs dirigeants prétendent, ces banques sont pourtant loin d’être les plus solides(...)
“La “loi de (non) séparation” bancaire votée en 2013 est, on le sait, loin des objectifs annoncés, et la défense des “champions nationaux” a largement prévalu sur celle de l’intérêt général”
• Sachant que les quatre grands groupes bancaires français font partie des banques d’importance systémique à l’échelle mondiale, il y a matière à inquiétude : si l’une d’elles est en difficulté, c’est le système tout entier qui est chamboulé !
L’éléphant et la souris
Malgré ces faits avérés et des annonces politiques qui se voulaient fermes, le dispositif législatif reste largement inadapté à la réalité de ces grands groupes. La France en particulier a privilégié une approche a minima. (...)
Alors que la Commission européenne mettait sur la table un texte à bien des égards supérieur au texte français, la France, alliée au sein du Conseil européen à l’Allemagne, n’a de cesse de faire valoir – avec succès – le “modèle” français, provoquant ainsi un dangereux nivellement par le bas.
Le Parlement européen peine de son côté à trouver un compromis, mais le vote est imminent : il est grand temps d’en appeler à nos représentants pour que l’éléphant n’accouche pas encore une fois d’une souris.