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Rue 89
Ruée vers la Birmanie : pourquoi cet engouement ?
Article mis en ligne le 2 août 2013
dernière modification le 28 juillet 2013

Les économies du monde ont les yeux rivés sur la Birmanie. Le pays enregistre cette année cinq fois plus d’investissements étrangers que l’année dernière, en provenance de ses voisins asiatiques : Chine, Hong-Kong, Singapour.

Le virus a également touché la France. Le 30 juillet prochain, Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, s’envolera avec une dizaine de petites entreprises françaises pour Rangoun, la capitale économique birmane. Objectif : profiter « d’un marché qui s’ouvre et de l’arrivée de besoins nouveaux ».

D’où provient cet engouement inédit ? (...)

Du temps de la junte militaire, le territoire birman était soumis à un embargo drastique, tenu de concert par les Etats-Unis et l’Union Européenne.

Une fois la dictature auto-dissoute en mars 2011, ces sanctions ont été progressivement levées, de manière à encourager les multiples signes d’ouvertures du gouvernement.

Le 25 janvier dernier, les pays créanciers ont annoncé l’annulation de la moitié de la dette publique birmane (5 925 milliards d’euros). Signe de confiance de la communauté internationale, bien perçu par les investisseurs (...)

Les infrastructures birmanes sont, en l’état, très rudimentaires. La dictature a laissé le pays dans un état « catastrophique », estime Alexandra de Mersan. (...)

En clair, « tout est à construire ». La Birmanie ne dispose pas, à elle seule, des moyens concrets de mise à neuf. Dans l’effervescence internationale pour moderniser la Birmanie, chacun a le sentiment d’avoir une carte à jouer. (...)

Pour attirer les investisseurs, le gouvernement birman a constitué dès 2011 – malgré un déficit budgétaire élevé (plus de 4% du PIB) – plusieurs zones économiques spéciales, accordant des avantages fiscaux dans les secteurs, notamment, de la haute technologie et des infrastructures. (...)

« La Birmanie, c’est 62 millions d’habitants qui ont soudainement accès à la consommation », souligne Christine Villin, responsable de Pier Augé (une PME spécialisée dans les cosmétiques), qui accompagnera Nicole Bricq le 30 juillet. « Il nous faut arriver suffisamment tôt. » (...)

Aung San Suu Kyi a longtemps appelé les touristes étrangers à boycotter la Birmanie. Cet appel n’a plus cours. Et le gouvernement de Thein Sein délivre des visas touristiques qui n’expirent qu’au bout d’un mois – contre 24 heures dans les années 80. (...)

« Parler de “printemps birman” est très prématuré. Le gouvernement libère, certes, une poignée de prisonniers au moment opportun, mais en emprisonne d’autres pour des motifs irrecevables. Les élections de 2010 n’ont été ni libres, ni transparentes. Si ça s’est relâché, tout a été fait pour que le parti de la junte, l’USDP, conserve un pouvoir très important. On est dans une zone grise. » (...)

« Les militaires ont compris qu’ils ne pouvaient pas se maintenir uniquement par la force. Il s’agit pour eux de jouer le jeu de la démocratie, pour mieux garder le pouvoir. »