La France découvre « les risques d’atteinte à la santé mentale » des salariés, également appelés « risques psychosociaux », et plus généralement la souffrance au travail. Les suicides en entreprise, et notamment chez France Télécom, ont donné de l’écho aux études de plus en plus nombreuses qui mettent en évidence l’importance des coûts d’abord humains mais également économiques associés à ces risques. Tandis que les plaintes se multiplient auprès de l’inspection du travail. Que recouvre cette appellation barbare de risques psychosociaux ? Pourquoi augmentent-ils ? Quelles sont les réponses envisagées
Parmi les causes invoquées, se mêlent l’intensification du travail, des consignes de plus en plus contradictoires, la disparition des marges d’appropriation des règles, l’effacement des temps d’échanges collectifs sur le travail lui-même, la précarisation de l’emploi et des statuts, l’évolution des modes de management. Ce sont des pistes de réflexion, qui parfois s’opposent, car il en va là de la définition même du travail. Est-il souffrance au départ, comme le défend Christophe Dejours, professeur de psychologie au Conservateur national des arts et métiers. Une souffrance qui se mue en plaisir quand le travailleur parvient à réaliser sa tâche, et qu’il est reconnu pour son effort. Ou le travail est-il dès le départ un facteur d’épanouissement, et ce sont ses dérives qui font souffrir ?
Le débat est loin d’être clôt. Mais les divergences de vue se traduisent déjà dans les mesures de préventions et de traitement envisagées.(...)
Jeudi, le ministère du Travail publiait en effet sur le site internet consacré à la santé et à la sécurité au travail un classement des entreprises de plus de 1000 salariés en fonction de leur degré d’avancement des entreprises dans la mise en œuvre d’une politique de prévention du stress professionnel. Elles se trouvaient classées en trois catégories : vert, orange et rouge. Le principe était audacieux : enfin, les entreprises peu préoccupés de la santé de leurs salariés allaient être montrées du doigt. Pourtant, dès le lendemain, les listes orange et rouge étaient supprimées du site. Ces listes vont-elles réapparaître ?(...)