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Greek crisis
Rideau de la dette
Article mis en ligne le 21 août 2013

D’après le philosophe Günther Anders, la “honte prométhéenne” serait celle que l’homme éprouverait face à sa finitude, comparée à la perfection des machines. À tort. Et notre dernière situation... prométhéenne à nous tous ici du côté d’Athènes, ainsi que la honte qui lui serait liée, pour ne pas dire l’hybris, résulte de cette “faute fondamentale” et civilisationnelle qu’est l’euro, par... excellence “monnaie technique”.

œDepuis un moment déjà, la presse insiste, chiffres à l’appui, sur la pauvreté qui touche désormais la moitié des Grecs et ceci au moment même, où Yannis Stournaras exige “la levée nécessaire des derniers obstacles d’ordre juridique”, et qui empêchent pour l’instant la saisie de la résidence principale pour dettes. “Sinon, les banques perdront toute leur crédibilité et le système s’effondrera”, affirme-t-il. Décidément, la question, ou plutôt l’aporie, n’est guère économique, mais civilisationnelle.

L’endroit où Thanasis Kanaoutis a trouvé la mort. “Quotidien des Rédacteurs”, le 20 août

La crédibilité des uns fait le calvaire des autres, c’est bien connu. (...)

depuis la mort et les obsèques du jeune Thanasis, les nouveaux slogans n’ont pas tardé à couvrir les abribus, les gares, voire même le matériel roulant de notre capitale : “L’État et les contrôleurs sont des assassins. Mort à 18 ans. Des gifles et des coups de pieds aux contrôleurs”. On dirait qu’à défaut d’un projet politique visible, la vengeance devient alors une valeur sociale “évidente”.

“Légalistes” ou pas, passagers ou passants, tout le monde s’accordera du moins sur ce constat : “mourir pour presque un euro, c’en est trop”. Mourir pour un euro, mourir pour l’euro. Hélas, et pour mieux attiser... l’anthropophagie ambiante ainsi érigée en norme sociale, les contrôleurs se font souvent recrutés parmi les fonctionnaires qui veulent ainsi arrondir leurs fins de mois, d’autant plus, que leur revenu disponible a chuté de plus de 50% en seulement trois ans. On les surnomme déjà “chasseurs de tête” car ils sont rétribués aux résultats obtenus, qualificatif que la presse écrite utilise aussi parfois. Et après trois ans de “dialyse sociale” et où le nombre de chômeurs issus du privé dépasse et de loin celui de l’ensemble des fonctionnaires, la haine visant nos fonctionnaires est grandissante. On peut certes se moquer de certains slogans à l’image du quotidien mainstream “Phileleftheros” de Nicosie et pourtant... Le slogan, c’était : “Le capitalisme c’est du crime organisé”. (...)

Inutile de dire qu’en ce moment la rue grecque “vomit” l’euro et l’Union Européenne, et ceci, comme jamais auparavant. Et d’après ce que j’entends, et même si cette dernière mutation des mentalités ne trouve pas encore d’expression politique de grande envergure, elle nous semble alors définitive. ( ...)