
Le marathon judiciaire du procès de Julian Assange n’est pas fini. L’audience, à l’issue de laquelle la justice britannique devra décider si le fondateur de WikiLeaks doit être extradé vers les Etats-Unis, reprend lundi 7 septembre, à Londres.
Si le tribunal approuve cette extradition, l’Australien serait ensuite transféré outre-Atlantique dans un pays où il encourt 175 ans de réclusion pour avoir travaillé à publier des documents secrets de l’administration américaine en 2010, en collaboration avec plusieurs médias internationaux, dont Le Monde.
En février, cinq jours ont déjà été consacrés à l’examen de cette demande d’extradition américaine. On y avait aperçu la stratégie des deux camps.
D’un côté, les avocats de Julian Assange avaient rappelé le caractère journalistique des travaux qui valent à leur client d’être emprisonné depuis plusieurs mois à Londres, et essayé de démontrer la nature politique de la demande américaine. De l’autre, l’équipe défendant Washington a argué du fait que Julian Assange avait dépassé, en publiant des documents secrets et en les réclamant auprès de sa source, son rôle de journaliste, se rendant coupable d’espionnage.
Diffusion et suivi à distance
Les débats devaient reprendre en mai. Ils ont fait les frais de la pandémie de Covid-19. Le spectre de cette dernière devrait encore planer sur les travées des deux salles de l’Old Bailey, palais de justice au cœur de Londres, où se déroulera l’audience – prévue pour s’étaler sur trois à quatre semaines.
Faute de pouvoir se rendre sur place, des dizaines de journalistes et d’observateurs suivront les débats depuis leur domicile ou leur rédaction, en visioconférence. L’interdiction absolue de filmer ou de photographier les discussions sera mise à rude épreuve, dans une affaire brûlante où les partisans de l’Australien dénoncent les manquements de la justice. (...)
Le procès, où les deux parties présenteront les preuves, documents et témoins à l’appui de leur stratégie, sera aussi d’une durée exceptionnellement longue pour un examen de demande d’extradition au Royaume-Uni, preuve du caractère ultrasensible du dossier.
Certaines journées pourraient être explosives : la défense d’Assange pourrait tenter de prouver que Donald Trump, à travers un émissaire, a offert de pardonner à Julian Assange si celui-ci affirmait publiquement que la Russie n’avait rien à voir avec la fuite des courriels démocrates lors de l’élection présidentielle américaine de 2016.
WikiLeaks avait alors publié ces documents qui, selon la justice américaine, avaient été dérobés par les services de renseignement russes. Si cet épisode est sans rapport avec les faits qui valent à M. Assange une demande d’extradition, une telle offre serait susceptible d’appuyer la démonstration de la défense de l’Australien, selon laquelle les charges qui pèsent contre Assange sont de nature politique.
Une santé fragile
Les avocats de Julian Assange devraient aussi insister sur la santé fragile de leur client. (...)
En mars, la juge chargée du dossier avait refusé la demande de libération sous caution formulée par ses avocats pour lui éviter de contracter le Covid-19, qui sévit durement au sein de l’établissement. En juin, un collectif de médecins militant pour la cause de l’Australien avait apparenté sa situation à de la « torture ». (...)
Les avocats du fondateur de WikiLeaks pourraient aussi dénoncer la stratégie du camp adverse. Le ministère américain de la justice a rendu publiques, en juin, de nouvelles accusations contre M. Assange. Elles ne changent rien au fond de l’affaire : ces nouveaux éléments étaient déjà connus et ne portent que sur un seul des dix-huit chefs d’accusation. Cependant, cette nouvelle charge judiciaire n’a été incorporée dans la procédure britannique que mi-août. Soit après l’offre de preuve finale des avocats de l’Australien, déclenchant la colère de ces derniers (les deux parties devant théoriquement montrer, avant une audience, ce qu’ils vont produire comme pièces et témoins). (...)
Plus largement, ces derniers ont critiqué à de nombreuses reprises leurs conditions de travail pour défendre leur client, pointant notamment leurs très grandes difficultés à rencontrer Julian Assange pendant son incarcération à Londres. Le Covid-19 n’a évidemment rien arrangé : il a même fait passer « la préparation du procès de difficile à impossible », ont déploré ses avocats lors d’une récente audience.
Une manifestation de soutien, où doivent s’exprimer notamment le père de Julian Assange, John Shipton, ou la célèbre styliste Vivienne Westwood, soutien de longue date de l’activiste, est déjà prévue, lundi, à l’extérieur du tribunal. (...)
Lire aussi :
– Soutien A Julian Assange : Rassemblement Lundi 7 Septembre Devant La Préfecture D’Ajaccio
(...) Il nous appartient aujourd’hui de déjouer le jeu des politiques néo-libérales sans scrupule. Le droit de savoir, si souvent revendiqué dans les luttes au même titre que le droit d’expression, pour la sauvegarde de nos libertés individuelles, est un DROIT que l’obscurantisme qui nous guette veut écraser.
Parce que la démocratie est en danger et qu’il nous appartient de la défendre, nous nous devons d’être aux côtés de Julian Assange ainsi qu’aux côtés de celles et ceux qui, de par le monde, au péril de leur vie ne renoncent et ne renonceront jamais à faire connaître la vérité.
Leur engagement est le nôtre. Nous demandons la libération immédiate de Julian Assange.
Per a Pace appelle tous ceux, citoyen-ne-s et mouvements qui s’indignent du sort réservé à Julian Assange de se rassembler.
APPEL AU RASSEMBLEMENT LUNDI 7 SEPTEMBRE 2020 DEVANT LA PRÉFECTURE D’AJACCIO, 18h00
– Procès de Julian Assange
Ce 7 septembre, un nouvel épisode du procès pour l’extradition de Julian Assange vers les États-Unis débutera à Londres. Nous avions déjà insisté ici et là sur les enjeux politiques de la répression qui frappe le leader de Wikileaks et la nécessité de le soutenir. Le texte que nous publions aujourd’hui et que l’on peut aussi considérer comme un appel, annonce une série de menées allant en ce sens. Dès lundi, nous proposerons un suivi de ce mois de solidarité et des actions qu’il appelle. Parallèlement, nous publierons différents textes plus théoriques qui permettent de mieux comprendre la généalogie de Wikileaks et les enjeux des différentes offensives de groupes de hackers contre les gouvernements. (...)
MOIS DÉCENTRALISÉ DE SOLIDARITÉ AVEC ASSANGE, LES LANCEURS D’ALERTE ET LA LIBERTÉ DE LA PRESSE DANS LE MONDE
Le 7 septembre 2020, l’audience d’extradition grotesque de Julian Assange reprend pour 3-4 semaines. S’il est extradé vers les États-Unis - où il ne bénéficie pas de la protection du “Premier amendement” - il risque 175 ans dans une prison super-max. Les États-Unis et le Royaume-Uni, aidés par l’Équateur, la Suède et d’autres pays, tentent de faire taire Assange et WikiLeaks. Leur objectif est de créer un précédent qui nuira globalement à la capacité de publier des informations que les gouvernements veulent garder secrètes, ainsi qu’à notre capacité collective à nous organiser et à agir sur la base de ces informations.
Le simulacre de procès d’Assange annonce la destruction intentionnelle de notre droit à une presse libre, indépendante, incisive et d’investigation. Les États-Unis cherchent à criminaliser et à dissuader les enquêtes sur la sécurité nationale en particulier, ainsi que les mesures prises par les journalistes pour protéger leurs sources. La tentative d’étiqueter le journalisme et l’organisation de l’accès du public à l’information comme “conspiration pour l’espionnage” [1] par les États-Unis est inacceptable selon les normes démocratiques car elle paralyse le droit du public à savoir ce que les gouvernements font en leur nom.
Les documents publiés par WikiLeaks pour lesquels Assange est accusé fournissent des preuves exhaustives des crimes de guerre brutaux commis en Irak et en Afghanistan [2], accessibles sous une forme indéniable, authentique et recherchable. WikiLeaks fonctionne comme tout journaliste d’investigation devrait le faire au XXIe siècle, en protégeant ses sources et en sécurisant ses communications lorsqu’il s’agit de dénoncer les mensonges et la corruption du gouvernement.
Comme l’ont observé de nombreux experts internationaux, ONG, avocats, journalistes et rapporteurs spéciaux des Nations unies [3], les documents publiés par WikiLeaks présentent sans aucun doute un immense intérêt pour le public du monde entier. Ces publications ont valu à Assange et à WikiLeaks de nombreuses distinctions mondiales et des prix journalistiques prestigieux [4].
Il est maintenant temps de récupérer cette partie essentielle de notre histoire collective, en défendant Assange, les journalistes d’investigation et les dénonciateurs du monde entier.
Pendant les semaines de l’audition et au-delà [5], des groupes et des individus du monde entier utiliseront tous les moyens créatifs disponibles en ligne et hors ligne pour exprimer leur solidarité, dénoncer cette fraude parodique de justice, défendre Julian Assange et célébrer la protection des sources journalistiques. (...)
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Reporté par la pandémie de #COVIDー19, le procès de Julian #Assange, fondateur de WikiLeaks accusé par les #EtatsUnis 🇺🇸 d'avoir diffusé des centaines de milliers de documents confidentiels, reprend à #Londres 🇬🇧.
➡️ Le point avec @HerveAmoric, notre correspondant sur place pic.twitter.com/AQGu4Qa3eS
— FRANCE 24 Français (@France24_fr) September 7, 2020