
Face à une situation de croissance économique accompagnée par le développement des inégalités/injustices sociales, les peuples africains ne réagissent pas que par des mécanismes efficaces « d’externalisation », à l’instar de la croyance en la sorcellerie familiale comme facteur de la galère sociale individualisée ou par une résignation au système D quotidien, fardeau souvent porté dans les familles par les femmes.
Les exploité-e-s et les dépossédé-e-s n’ont pas manqué d’exprimer collectivement leur rage ces dernières années dans plusieurs pays, après accumulation de différentes frustrations, à l’appel des syndicats (qui n’ont pas encore viré au « syndicalisme responsable » prôné dans les stages de formation organisés par les fondations social-démocrates européennes ou l’AFL-CIO des États-Unis) ou par « spontanéisme »/auto-organisation.
Les mouvements contre la vie chère ont eu lieu, du Niger à Madagascar, en passant par le Gabon, le Kenya et l’Afrique du Sud. Depuis les longues mobilisations populaires et catégorielles (des jeunes au chômage aux mineurs, en passant par les juges et les pêcheurs — contre la pollution occasionnée par l’exploitation minière) de février à juin 2011 contre le régime néo-colonial et oligarchique du Burkina Faso |1|, aux récentes mobilisations tragiques des mineurs et du prolétariat agricole sud-africains en passant par les luttes syndicales dans l’industrie sucrière mauricienne, la grève générale organisée par le Nigerian Labour Congress contre la hausse des prix des carburants, les grèves du secteur public au Botswana réputé très prospère et paisible. Des mobilisations contre l’accaparement des terres au Sénégal aux manifestations contre les violences que subissent les populations en général, les femmes en particulier, dans l’Est de la RDC soumis au pillage des matières premières , en passant par la lutte contre le déguerpissement des certains peuples autochtones africains et autres coupables de vivre près ou sur des gisements à rentabiliser. Ces damné-e-s des « pays réels » ont parfois remporté de maigres victoires, malgré la mise en marche habituelle de la machine répressive (mort-e-s, blessé-e-s, emprisonné-e-s) par des régimes qui se revendiquent représentants des peuples qu’ils oppriment, selon la bonne hypocrisie classique de la démocratie représentative. (...)