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le blog de Michel Collon
Repenser l’aide au développement
Samir Amin
Article mis en ligne le 19 janvier 2010

L’aide n’a changé ni de visage ni de nature. Dans cette préface au livre de Yash Tandon « Ending Aid Dependence » (En finir avec la dépendance à l’aide), Samir Amin rappelle comment elle maintient les Etats africains dans un statut d’"Etats clients", avec une fragilisation qui les enferme dans la logique vicieuse d’un système. Cette logique qui corrompt les dirigeants, nourrit les budgets au point de devenir indispensable et assoit un instrument de domination de l’impérialisme. Rejoignant Yash Tandon, il en appelle à une autre forme d’aide.

Si, comme on le prétend, il y a dans l’aide deux « partenaires » - en principe égaux – le pays donateur et le pays bénéficiaire, l’architecture du système aurait dû être négociée entre ces deux ensembles d’Etats. Il n’en est rien. Le débat sur l’aide a été enfermé dans un corset serré, dont l’architecture a été définie dans la « Paris Declaration on Aid Effectiveness » (2005), rédigée au sein de l’OCDE, imposée aux pays bénéficiaires de l’aide par l’ « Accra Action Agenda » (2008). Dès le départ la procédure choisie est donc illégitime.

La conditionnalité générale, définie par l’alignement sur les principes de la mondialisation libérale, est omniprésente
 : favoriser la libéralisation, ouvrir les marchés, devenir « attractif » pour les investissements privés étrangers....

...La « gouvernance » a été inventée comme substitut au « pouvoir ». L’opposition entre ses deux qualificatifs – bonne ou mauvaise gouvernance – rappelle le manichéisme et le moralisme, substitué à l’analyse de la réalité....

...La nouvelle phase de l’histoire qui s’ouvre est caractérisée par l’aiguisement des conflits pour l’accès aux ressources naturelles de la planète....

...L’élaboration d’une vision globale de l’aide ne peut être déléguée à l’OCDE, à la Banque Mondiale ou à l’Union Européenne. Cette responsabilité revient à l’ONU et à elle seule....

...il faut aller plus loin et oser franchir une « ligne rouge ». Non pas « réformer » la Banque Mondiale, l’OMC, le FMI. Non pas se limiter à dénoncer les conséquences dramatiques de leurs politiques. Mais proposer des institutions alternatives, en définir positivement les tâches et en dessiner les contours institutionnels. L’option pour une aide alternative est indissociable de la formulation d’un développement alternatif....