Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
France TV Info
RSA, APL, prime d’activité… Trois questions sur l’expérimentation du versement automatique de certaines aides sociales
Article mis en ligne le 4 septembre 2022
dernière modification le 3 septembre 2022

L’automatisation du versement de certaines prestations sociales va être expérimentée à partir de 2023 dans plusieurs territoires, annonce le gouvernement. Suivant une promesse présidentielle, il souhaite mettre fin au non-recours de ces aides mais aussi lutter contre la fraude.

(...) 1De quoi parle-t-on ?

Le gouvernement entend faciliter l’accès aux aides sociales. Le ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, Jean-Christophe Combe, a annoncé la mise en place "début 2023" d’une expérimentation dans certains territoires du versement des prestations sociales à la source, c’est-à-dire de manière automatique et sans démarche administrative. Le RSA, les APL et la prime d’activité sont concernés, trois aides qui concernent "90% des allocataires, soit près de 20 millions de Français", a-t-il précisé.

"La réforme de la ’solidarité à la source’, qui vise à verser des prestations en limitant les démarches des bénéficiaires, est un projet de mandature", a ainsi expliqué Jean-Christophe Combe. Cette mesure était une promesse de campagne du président réélu, Emmanuel Macron. (...)

2Quel est l’objectif de cette mesure ?

La mise en place d’un versement à la source, voulu par le gouvernement, répond à une double problématique. Il s’agit d’abord de mettre fin au non-recours de ces aides, quand les bénéficiaires de prestations sociales ne les réclament pas. "La digitalisation, c’est bien, mais quand vous ne rentrez pas dans une case, cela devient un parcours du combattant déshumanisant (…) Il est complètement anormal que 30% des personnes qui ont droit à des aides ne les réclament pas", a jugé le ministre.

Selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) publiée début 2022, un foyer éligible au RSA sur trois ne réclame pas son revenu de solidarité à la Caisse d’allocations familiales (34% précisément par trimestre et 20% de façon pérenne). "Le montant de RSA auquel ils pourraient prétendre s’élèverait à 330 euros en moyenne par mois", détaille la Drees, qui estime que ces non-recours représentent "750 millions d’euros par trimestre". Soit trois milliards par an, rien que pour le RSA.

Une autre estimation concernant la CMU, couverture maladie universelle complémentaire, montre là aussi que plus d’un tiers des personnes qui y ont le droit ne demandent pas cette aide.

L’autre objectif principal de la réforme consiste à lutter contre la fraude aux prestations sociales. (...)

3Comment cela va-t-il se passer ?

L’expérimentation évoquée par le ministre va se dérouler de manière progressive. "Nous allons faire appel à la volonté d’une dizaine de territoires où on mobilisera tous les acteurs concernés", a précisé Jean-Christophe Combe. Ces "territoires zéro non-recours", dont l’identité n’a pas été dévoilée, serviront de test. Le gouvernement espère des premiers résultats à l’horizon 2025. (...)

Interrogé après l’annonce en mars de l’annonce d’Emmanuel Macron par franceinfo, Julien Damon, sociologue et enseignant à Sciences Po, estimait que "passer d’un système déclaratif et de demande à un système automatique est une belle et forte idée, mais ça commande des réformes extrêmement substantielles en matière juridique et de système d’information".