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Quand Français, Syriens ou Afghans cuisinent ensemble pour abolir les frontières et détendre l’atmosphère
Article mis en ligne le 2 septembre 2016

D’un côté les camps de migrants fuyant guerres, terrorismes et dictatures, installés sous les ponts du métro parisien. De l’autre, les habitants, les commerçants, les passants qui vaquent à leurs occupations. Grâce à la cuisine, ce mur invisible s’estompe peu à peu. De ces bénévoles qui concoctent un petit-déjeuner pour le réveil des migrants à ce réfugié syrien qui rêve de monter son restaurant pour mixer les cultures culinaires, en passant par un diner solidaire accueilli par un bistrot, voici la preuve qu’autour d’une simple assiette bien des barrières tombent.

En 2015, un million de réfugiés seraient arrivés en Europe, fuyant conflits et persécutions, au Moyen-Orient et dans la corne de l’Afrique, selon l’Organisation Internationale pour les migrants. En France, les autorités offrent rarement le minimum vital à ces gens qui se retrouvent à la rue, survivant de débrouille et de la solidarité d’associations et d’individus engagés.
Distribuer des repas, un premier pas

A 8h, ce matin d’août, malgré le brouhaha de la circulation, certains réfugiés essaient de finir leur nuit. D’autres sont déjà levés et attendent, sur une placette, que des « soutiens », des membres de collectifs spontanés de citoyens, comme Soutien aux exilé.e.s, arrivent pour leur distribuer un petit-déjeuner. Les membres de ce collectif s’organisent via les réseaux sociaux. Valérie est une des premières sur place. Elle accueille les nouveaux soutiens, même si elle n’est elle-même pas très ancienne. Malgré « quinze jours seulement à faire de la distribution », elle déjà au fait de tout.

Le groupe de soutien grandit, au fur et à mesure des arrivées. Des tables sont improvisées sur des tréteaux et des planches, d’énormes sacs remplis de baguettes et pains, invendus de boulangeries, ramassés par différents membres du collectif, sont déballés. Des soutiens se mettent à les découper, pendant que plus loin d’autres tartinent : confiture, fromage, chocolat, c’est en fonction de ce qui a été donné. (...)

En file indienne, les migrants font la queue pour se servir en boissons chaudes et tartines. C’est le premier repas de la journée. Peut-être le seul. Tout dépend de la capacité des bénévoles, de la nourriture achetée ou offerte, de la météo, mais aussi des rafles organisées par les forces de l’ordre qui dispersent les camps et enferment les réfugiés. Ce jour-là, ils sont peu nombreux à attendre un petit-déjeuner. A peine une centaine, les yeux encore ensommeillés, les traits tirés, preuve d’une mauvaise nuit. Dort-on vraiment quand on dort dehors ?

Un réfugié afghan s’approche des soutiens qui découpent le pain. Sans dire un mot il attrape une baguette et se met lui aussi à trancher et tartiner, pour faire avancer le travail. « Il nous aide souvent », explique Valérie. La communication est réduite. Il ne parle que pachtoune. Alors chacun sourit et se replonge dans sa tâche.

De la nourriture à la défense des droits (...)

« Je ne comprends pas que l’on ait peur de gens qui ont fui un endroit où ils ne pouvaient pas rester, confie Mélanie. Oui, la réalité est violente : avoir un campement en bas de chez soi ce n’est pas évident. Mais imaginons le cas inverse : si je devais fuir, je serais contente que quelqu’un me tende la main. »

La démarche peut-être compliquée, comme l’explique Bahia : « C’est finalement simple d’entrer en contact avec les réfugiés, parce que j’arrivais avec un but précis : je venais pour distribuer de la nourriture. Mais cela peut être gênant, l’impression qu’il peut y avoir un côté voyeur. Arriver avec une marmite donne une raison à sa présence, facilite la rencontre. » Delphine le dit : « Beaucoup de gens ne savent pas trop quoi faire. Je comprends que ce soit difficile de s’impliquer. C’est effarant car, quand tu es sur un camp, il y a des moments de grande tristesse. » Des alternatives ont ainsi vu le jour pour créer des ponts entre réfugiés et riverains, pour construire une autre image des migrants.

Dîner solidaire et cuisine syrienne au profit des réfugiés (...)