
Selon un sondage commandé par le Réseau Action Climat, les Français consomment de moins en moins de viande et se soucient de plus en plus de sa provenance et de sa qualité. Le hic ? Les pouvoirs publics et les politiques publiques n’encouragent pas cet élan.
Si 96 % des personnes sondées déclarent manger de la viande au moins de temps en temps, elles ne sont qu’une sur trois à en manger tous les jours — principalement les plus jeunes (18-24 ans), les personnes issues des classes populaires et les personnes vivant en province. Surtout, près de la moitié des enquêtés (48 %) déclarent avoir diminué leur consommation de viande au cours des trois dernières années.
Ce pourcentage confirme une tendance de plus long terme, puisque la consommation de produits carnés avait déjà diminué de 12 % entre 2007 et 2016, selon le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc).
Et la quantité de steak dans les assiettes pourrait encore se réduire : si 60 % des répondants disent que leur régime leur convient, « une personne sur deux ayant déjà réduit sa consommation de viande a l’intention de poursuivre sur cette voie, principalement chez les jeunes, les urbains et les CSP Plus [catégories socioprofessionnelles supérieures] », a indiqué Pierre-Hadrien Bartoli, directeur des études politiques chez Harris Interactive, lors d’une conférence de presse organisée par le RAC le 25 février. (...)
Alors, bientôt tous végétariens ? Pas tout à fait. Car une part non négligeable des personnes interrogées ont bien l’intention de réinvestir l’argent économisé dans de la nourriture (pour 42 % des répondants) et en particulier de la viande (32 %) de meilleure qualité : d’origine locale ou tout du moins française — premier critère de sélection —, issue d’un élevage respectueux du bien-être animal et ayant un bon goût. (...)
« Notre pays est dans le top 6 de la consommation de viande dans le monde » (...)
Quid du risque de carences ? « La viande peut être en partie remplacée par une association de céréales complètes, de légumineuses pour les protéines et de fruits à coque pour les lipides, dont on mange actuellement moins de quatorze grammes par jour en moyenne, assure M. Fardet. À condition de manger “vrai” – c’est-à-dire pas de produits ultratransformés –, varié et de préférence bio, local et de saison, on peut rassembler les acides aminés essentiels à notre alimentation avec seulement 15 % de protéines animales. »
Une telle évolution des menus serait aussi bénéfique pour le climat.
Accroître encore la proportion de végétaux dans notre alimentation n’aurait rien de punitif, insiste Gilles Daveau, cuisinier et formateur en cuisine biologique et alternative. (...)
Encore faudrait-il que les pouvoirs publics et les politiques publiques favorisent cette transformation de l’alimentation. D’après le sondage réalisé par Harris Interactive, ces derniers n’informent pas suffisamment les Français sur les alternatives à la consommation de viande ni sur les conséquences écologiques des produits carnés, n’encouragent pas la consommation de viande de meilleure qualité ni la transition vers une consommation plus durable et ne servent pas une alimentation de qualité dans les cantines scolaires. Le RAC voit dans la loi Climat et résilience et le plan stratégique national — la déclinaison française de la politique agricole commune (PAC) européenne — l’occasion de rectifier le tir pour atteindre les objectifs qu’il recommande : la diminution de 50 % de la production et de la consommation de produits animaux d’ici 2050. (...)
Le tout, en préservant au maximum l’élevage durable. (...)
Les élevages extensifs permettent de maintenir des paysages, des prairies et des haies riches pour la biodiversité. Certes, les capacités de stockage de carbone des prairies permanentes ne compensent pas les émissions de gaz à effet de serre des ruminants, mais ces terres ont d’autres atouts. Et s’il faut une division par deux du cheptel d’ici 2050, il ne faut pas de diminution du nombre d’éleveurs. »