
Des législateurs du monde entier demandent à nouveau aux États-Unis de mettre fin aux poursuites sans précédent engagées contre le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange. Pour la première fois, ils sont rejoints par des membres du Congrès américain, Rashida Tlaib en tête.
(...) Bien que la situation d’Assange soit désastreuse, il y a des raisons d’espérer. À l’occasion de l’anniversaire de son arrestation, des législateurs du monde entier ont manifesté leur soutien à Assange. Ce n’est pas la première fois que des législateurs internationaux demandent aux États-Unis de mettre fin aux poursuites engagées contre Assange. Mais pour la première fois, ils ont été rejoints par certains membres du Congrès américain.
L’indignation internationale
Quatre ans plus tard, Assange est toujours emprisonné à la prison de Belmarsh. Il s’agit de l’une des prisons les plus dures de Grande-Bretagne. Son utilisation pendant la « guerre contre le terrorisme » lui a valu d’être comparée à Guantanamo Bay. L’état de santé d’Assange est de plus en plus précaire, ce qui a conduit sa famille à l’accuser d’être la victime d’un « meurtre au ralenti. »
Heureusement, les législateurs d’un certain nombre de pays s’unissent aujourd’hui pour protester contre les poursuites engagées contre Assange. Au Royaume-Uni, une lettre s’opposant à l’extradition, rédigée par Richard Burgon, député travailliste et membre du Socialist Campaign Group, a recueilli le soutien de trente-cinq députés et lords. Il s’agit non seulement de collègues travaillistes, mais aussi de membres du Parti national écossais, de Plaid Cymru, des Démocrates libéraux, d’un Vert et même d’un Conservateur.
En Australie, une initiative menée par le député indépendant Andrew Wilkie a recueilli quarante-huit signatures, chaque parti au Parlement étant représenté dans une lettre qui constituait plus de 20 % de l’ensemble du Parlement. Au Mexique, Citlalli Hernández, sénateur de Morena, et Manuel Vázquez, membre de la Chambre des députés de Morena et survivant du massacre d’Ayotzinapa, ont recueilli les signatures de quatre-vingt-dix-sept de leurs collègues législateurs. Au Brésil, quatre-vingt-dix-neuf membres du Parlement et du Sénat ont envoyé une lettre à l’ambassade des États-Unis.
Contrairement aux années précédentes, les législateurs américains se sont joints à leurs homologues étrangers pour exiger la libération d’Assange. La représentante Rashida Tlaib (démocrate, Michigan) a pris la tête d’une lettre à laquelle se sont joints les membres du Congrès Jamaal Bowman (démocrate, New York), Cori Bush (démocrate, Missouri), Greg Casar (démocrate, Texas), Alexandria Ocasio-Cortez (démocrate, New York), Ilhan Omar (démocrate, Nouveau Mexique) et Ayanna Pressley (démocrate, Massachusetts). La lettre citait l’opposition quasi unanime aux poursuites de la part des groupes de défense de la liberté de la presse, ainsi que l’opposition de journaux comme le New York Times et le Guardian. Nombre de ces journaux ont collaboré avec WikiLeaks sur certaines des publications pour lesquelles Assange est inculpé. Sur Twitter, Mme Tlaib n’a pas mâché ses mots : « Il y a quatre ans aujourd’hui, Julian Assange a été arrêté pour avoir publié la vérité. » (...)
de nombreuses personnes qui comprennent le problème en privé ont peur de s’exprimer contre l’acte d’accusation. Bien qu’il soit impossible de ne pas noter le nombre plus modeste de signataires de la lettre américaine par rapport à ceux d’autres parties du monde, le courage de ceux qui ont signé la lettre et son importance historique doivent être célébrés.
Cette lettre a été rendue possible, en grande partie, par le travail de groupes de défense des libertés civiles tels que Defending Rights & Dissent, qui ont sensibilisé le Congrès à cette affaire, par la décision de Progressive International d’organiser une session du tribunal de Belmarsh à Washington, et par le travail inlassable des militants de base qui ont fait pression sur leurs représentants pour qu’ils représentent leurs convictions. Espérons que ce n’est que le début. (...)
Dans une lettre interne adressée à ses collègues et publiée par The Intercept, Tlaib écrit :
« Je sais que beaucoup d’entre nous ressentent de l’animosité pour M. Assange, mais ce que nous pensons de lui et de ses actions est vraiment hors sujet ici. Le fait est que la manière dont Assange est poursuivi en vertu de la loi sur l’espionnage, notoirement antidémocratique, porte gravement atteinte à la liberté de la presse et au Premier amendement. »
Mme Tlaib a raison d’exhorter ses collègues à mettre de côté leurs sentiments à l’égard d’Assange. Si je pense que WikiLeaks est l’une des entreprises journalistiques les plus audacieuses et les plus importantes de ce siècle, les enjeux sont bien plus importants que le sort d’un seul individu : il s’agit ni plus ni moins de l’avenir du Premier amendement.
Le monde s’est depuis longtemps mobilisé contre la persécution d’Assange par les États-Unis, et les membres du Congrès se joignent enfin à eux. Nous sommes encore loin du but, mais nous gagnons du terrain. La gauche doit se tenir aux côtés de ceux qui sont prêts à s’élever contre cette persécution.