Malgré la crise sanitaire et le séisme social, les groupes du CAC 40 vont verser à leurs actionnaires des dividendes supérieurs à leurs profits, sous les encouragements du pouvoir. Les dérives de ce capitalisme financier soulèvent un débat majeur : comment en sortir ? La survie de la gauche dépend de la réponse qu’elle y apportera.
Au premier examen, on pourrait penser que le capitalisme financier, auquel la France s’est convertie depuis les années 1990, est constant : il fabrique des inégalités, opérant incessamment un partage à l’avantage du capital et au détriment du travail, enrichissant les actionnaires des grands groupes, notamment ceux du CAC 40, et poussant vers la précarité ou même l’extrême pauvreté des cohortes de travailleurs. Telles sont en tout cas les apparences : ce capitalisme d’actionnaires ou patrimonial – appelons-le comme on veut – enrichit les plus riches et appauvrit les plus pauvres.
À bien observer les dividendes indécents, souvent supérieurs à leurs profits, que les groupes du CAC ont annoncés au cours des dernières semaines et qu’ils vont verser à leurs actionnaires en 2021, on a tôt fait de comprendre, pourtant, que cet apparent statu quo est trompeur. En fait, le capitalisme français est aspiré dans une spirale destructrice à laquelle l’État lui-même contribue, et qui est de moins en moins soutenable, car elle risque de rompre l’équilibre même de notre société sinon d’emporter notre démocratie.
Contre la catastrophe qui vient et que ces chiffres annoncent, il devrait donc y avoir une urgence : ouvrir au plus vite un vaste débat sur les voies et moyens pour conjurer ce danger imminent ; pour interrompre cette dérive sans fin, pour sortir de ce système fou ; pour en faire l’un des enjeux majeurs de l’élection présidentielle de 2022. (...)
tous les experts s’attendent à une vague sans précédent de dépôts de bilan au cours des prochains mois, au fur et à mesure que les dispositions de soutien prises par le gouvernement vont être supprimées ; alors que le chômage risque donc de partir vivement à la hausse, le CAC 40 va verser à ses actionnaires des dividendes historiques. (...)
Ces chiffres sont accessibles en ligne un peu partout, notamment dans la presse financière ou boursière. Mais c’est l’Observatoire des multinationales, créé par l’association Alter-médias (qui publie également le site d’informations Basta !, qui en a fait la présentation agrégée la plus pertinente, dans une brève étude qui a été écrite par Maxime Combes et Olivier Petitjean, et que l’on peut consulter ci-dessous :
