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Paris : les coiffeuses sans papiers portent plainte pour "traite d’êtres humains"
Article mis en ligne le 31 août 2014

Depuis le 24 juillet, une vingtaine de salariées originaires de la Côte
d’Ivoire, de la Guinée, du Nigeria ou du Mali, occupent à tour de rôle
leur salon au 57, boulevard de Strasbourg, près de la Gare de l’Est.
Quitte à rester sur les lieux jusqu’au 23 octobre, date à laquelle elles
sauront si le juge des référés décide de leur expulsion, comme le
demande leur ancien patron.

Elles étaient payées "à la tâche" (ce qui est illégal) près de
400 euros par mois en travaillant 7 jours sur 7, de 9h à 23h le soir.
Elles se sont mises en grève le 22 mai. Les jeunes femmes ont obtenu
début juin, sous la pression de la CGT, des contrats de travail.

Des conditions de travail déplorables

Mais, le 8 juillet, l’employeur a déposé le bilan. Salariées et CGT ont alors porté plainte le 6 août pour "traite
d’êtres humains, faillite frauduleuse, escroquerie, conditions de
travail indignes, abus de vulnérabilité, rétribution inexistante ou
insuffisante", selon la CGT.
"On est dans un véritable système d’exploitation organisé de
travailleurs vulnérables. Elles travaillent dans des conditions
déplorables avec des produits chimiques achetés à bas prix", a
déclaré Marilyne Poulain, responsable à la CGT du commerce parisien lors
de la conférence de presse organisée dans le salon de coiffure.
"C’est une zone de non-droit du travail. Il faut que les services de police enquêtent et assurent la protection de ces salariés", a-t-elle insisté.

Intimidations des exploitants de salons (...)

Vendredi, la CGT a écrit une lettre ouverte au Préfet de police de Paris, lui demandant une "protection immédiate" pour les salariés "par l’obtention d’un titre de séjour".
La CGT rappelle que dans la circulaire Besson de février 2009, "il
est important que le salarié qui porte plainte puisse avoir accès au
travail pour sortir du milieu dans lequel il a subi une exploitation" et "ne pas renouer avec le milieu de la traite ou de la prostitution".

"Un système mafieux"

Mais plus encore, comme l’expriment les coiffeuses, c’est "tout un système mafieux, qui régit Château d’Eau depuis des années" et auquel les employées ont décidé de s’attaquer. "Une
poche de non-droit, en plein Paris, où l’on pratique la traite des
êtres humains, l’exploitation de personnes vulnérables, dénoncent les
représentants de la CGT. Au point que les gérants de ces enseignes se
concertent pour que pas plus de sept salariés par boutique s’expriment
dans la même langue. Un stratagème pour éviter qu’ils se liguent contre
les patrons".