
ATTENDU QUE partout en Europe les écotypes d’abeille locale présents depuis des millions d’années sur notre continent sont menacés de disparition par les pratiques de l’agriculture intensive et de l’apiculture industrielle ;
PAR LE DÉCLIN MASSIF DES ABEILLES ET SES CONSÉQUENCES DRAMATIQUES SUR NOTRE ALIMENTATION ET NOTRE SANTÉ, ET CELLE DES GÉNÉRATIONS FUTURES,
ATTENDU QUE vous serez amenés, dans le cadre de la Commission Agriculture, à statuer sur les amendements n°176, 187, 188, 191, 350, 365, 376, 386, 389 et 392 du Projet d’Initiative 2017/2115(INI) Perspectives et défis pour le secteur apicole de l’Union européenne, qui posent les fondements d’une protection juridique de l’Abeille locale et des conservatoires qui assurent sa préservation
ATTENDU QU’à ce jour, aucun outil juridique ne protège ces génotypes d’abeilles pourtant parfaitement adapté aux conditions et à l’environnement locaux, ni les conservatoires qui se sont donnés comme mission de les sauvegarder ;
NOUS, APICULTEURS ET CITOYENS ALARMÉS
vous demandons solennellement de voter en faveur de ces amendements afin de mettre en place d’urgence une protection juridique des abeilles locales pour permettre la conservation et la transmission de leur patrimoine génétique unique, et assurer la survie de ces abeilles, naturellement adaptées à nos territoires et à nos différents climats, sur tout notre continent.
Nous avons une opportunité inespérée d’obtenir un bouclier juridique pour protéger l’abeille noire (Apis mellifera mellifera) et les autres races d’abeilles locales européennes menacées d’extinction.
Pour cela, POLLINIS, la FEdCAN ( la Fédéreation européenne des Conservatoires de l’abeille noire, dont POLLINIS est membre fondateur) et les associations de sauvegarde des abeilles locales européennes ont besoin de votre aide de toute urgence : s’il vous plaît, signez dès maintenant notre pétition en cliquant sur ce lien. Il ne reste que quelques jours pour faire pression sur les députés européens !
La situation devient critique pour nos abeilles.
Installées pourtant depuis plus d’un million d’années sur tout le continent européen, les abeilles locales butinent sans relâche, saison après saison, siècle après siècle, les fleurs de nos campagnes, assurant la reproduction d’une grande partie des fruits et légumes consommés par des générations d’habitants.
C’est en grande partie grâce à leur travail acharné que les populations locales ont pu se nourrir sainement pendant des siècles.
Aujourd’hui, ces pollinisateurs pourtant indispensables subissent de plein fouet le contrecoup des grands bouleversements contemporains...
– Empoisonnement aux pesticides, notamment néonicotinoïdes et nouveaux "tueurs-d’abeilles" ;
– Perte de l’habitat naturel avec l’urbanisation galopante et l’artificialisation des sols, la disparition des haies, des friches et des arbustes qui constituaient autant de refuges et de zones de reproduction pour les insectes ;
– Perte de la diversité alimentaire avec la monoculture, la baisse du nombre et de la variété des fleurs dont les abeilles peuvent butiner le pollen et le nectar ;
– Introduction de parasites et de virus étrangers (varroa, Nosema ceranae...), et de nouvelles espèces prédatrices (frelon asiatique en particulier) contre lesquelles les abeilles sont sans défense ;
– Importation massive d’abeilles étrangères réputées plus efficaces ou plus dociles, et hybridations effrénées des différentes races d’abeilles entre elles, dégénérescence des colonies d’abeilles dès la deuxième génération, et perte catastrophique du précieux capital génétique des sous-espèces locales...
Nos abeilles locales - celles qui sont adaptées à nos climats et nos territoires - n’ont jamais été aussi menacées par le transfert de gènes d’autres espèces !
Ces dernières années, les pesticides, les parasites et les nouvelles maladies ont fait quasiment disparaître les populations d’abeilles sauvages et décimé les ruchers à travers toute l’Europe. Depuis, une grande partie des apiculteurs est obligée de reconstituer chaque année leurs ruchers avec des abeilles étrangères, peu ou pas adaptées aux fleurs et au climat local.
Ce phénomène a déjà des conséquences catastrophiques pour les apiculteurs bien sûr, mais également pour l’agriculture et la biodiversité - et cela nous concerne tous, nous, citoyens de l’Union européenne.
Ce mélange des différentes races ("sous-espèces" disent les spécialistes) génère beaucoup d’individus fragiles, mal ou pas du tout adaptés, qui ont besoin de plus en plus de soins de la part des apiculteurs pour pouvoir simplement survivre :
– Nourrissement au sucre pour les maintenir en vie lors des longues périodes de pluies, et pendant l’hiver ;
– Remplacement artificiel des reines de moins en moins fécondes, voire stériles ;
– Transhumance (déplacement) des colonies, incapables de trouver sur place les moyens de leur subsistance.
Ce transfert génomique a un nom : "l’introgression". Et il pourrait bien avoir raison d’un patrimoine génétique vieux de plus d’un million d’années. Après avoir survécu à deux glaciations, l’abeille noire (Apis mellifera mellifera) et les autres races d’abeilles locales sont peut-être pourtant les seules à pouvoir résister aux changements climatiques qui sont en train de se produire.
Pourtant, elles sont aujourd’hui menacées par les nouvelles techniques qui s’opèrent depuis quelques décennies dans l’apiculture.
En France, les importations d’abeilles sont passées de 5 à 48% entre 2007 et 2012. En Île-de-France, le taux a même grimpé à 80% en 2014. Et le déclin continue depuis. Pas seulement en France bien sûr : on observe le même phénomène dans la plupart des pays européens.
C’est un cercle vicieux. Des colonies d’abeilles qui pouvaient survivre presque sans l’intervention de l’homme sont de plus en plus souvent remplacées par des abeilles importées d’élevage plus fragiles et dépendantes de l’homme pour leur entretien et leur alimentation.
L’utilisation (l’exploitation) de l’abeille par l’homme se fait aujourd’hui dans des conditions qui deviennent défavorables à l’espèce toute entière.
On a aujourd’hui en moyenne entre 30 et 40% de mortalité dans les ruchers, mais certains considèrent désormais que c’est normal ! Et le pire reste à venir si l’on n’agit pas immédiatement : même pour les apiculteurs qui voudraient travailler avec des abeilles locales au patrimoine génétique préservé, cela devient de plus en plus difficile de se procurer des essaims.
Aujourd’hui, la masse critique de disparition est atteinte : dans certaines régions, et même certains pays comme l’Allemagne, l’abeille noire a déjà disparu... Sans une action déterminée de tous les pays européens, l’abeille noire et les autres races locales européennes ne subsisteront bientôt plus qu’à l’échelle d’échantillons dans les conservatoires... ou de banques de gènes congelés dans les frigos des laboratoires des firmes biotechnologiques qui veulent s’en servir pour créer des "super-abeilles" brevetées qu’ils revendraient à prix d’or.
Ce serait un désastre, et pas seulement pour les apiculteurs.
Avec la disparition des abeilles locales, ce sont des millénaires d’adaptation génétique au climat local, aux plantes, aux fleurs des vergers et des potagers, aux parasites et aux prédateurs qui s’évaporent - des maillons-clé de notre apiculture qu’on ne pourra jamais remplacer...
Mais surtout, des abeilles très précieuses car extraordinairement résistantes aux changements climatiques et aux stress...
...et sur lesquelles nous devons absolument pouvoir compter pour assurer la survie des populations d’abeilles sur le territoire européen, et bâtir une apiculture durable qui bénéficiera aux générations futures.
La reconstitution de populations d’abeilles locales robustes et adaptées à la flore et aux conditions climatiques et géographiques locales est encore possible, à partir de certains territoires où elles subsistent encore !
C’est une question de volonté politique (...)