
Une étude menée en Angleterre sur 18 années démontre l’effet des pesticides néonicotinoïdes sur les abeilles et les bourdons sauvages : une mortalité multipliée par trois. Dans la nature, les doses non létales déterminées en laboratoire affaiblissent ces insectes.
L’étude britannique, qui vient d’être publiée dans la revue Nature Communications, mettra-t-elle fin au débat sur l’effet des néonicotinoïdes sur les insectes ? Les apiculteurs ont donné l’alerte depuis longtemps mais les études en laboratoire démontraient que cette famille d’insecticides, très efficace, enrobant la graine et se répandant dans toute la plante, n’avait pas, aux doses d’exposition dans la nature, d’effet létal sur les insectes. L’Union européenne en a réduit l’usage en 2013 et, en France, la loi promulguée en juillet dernier les interdit à partir du premier septembre 2018, mais avec des dérogations possibles jusqu’en 2020.
Les sept chercheurs, qui viennent du Centre d’écologie et d’hydrologie (CEH), au Royaume-Uni, et du laboratoire Fera Sciences, n’ont, eux, pas mené d’expérience en laboratoire. Ils ont analysé les études sur les populations d’insectes de 62 espèces d’abeilles sauvages et de bourdons entre 1994 et 2011. Les variations constatées ont été comparées, avec des outils statistiques, à l’usage des néonicotinoïdes dans les champs de colza, qui a grimpé très rapidement en Grande-Bretagne durant cette période. Quant aux abeilles domestiques, elles ne font pas partie de l’étude car les apiculteurs peuvent déplacer les ruches, ce qui fausserait l’analyse statistique.
Les résultats, qui sont également exposés dans un communiqué du CEH, montrent un effet de surmortalité, jusqu’à un triplement. Pour cinq espèces, les chercheurs estiment la chute de populations due aux néonicotinoïdes à 20 %. (...)