Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
ONG en mer : témoins gênants
Article mis en ligne le 12 février 2019

Jumelles à la main, le marin-sauveteur scrute l’horizon des heures durant. Armé de son appareil, le photographe immortalise les faits. Le journaliste, lui, observe, interroge, analyse. Voir pour pouvoir porter secours, voir pour pouvoir raconter : sauver et témoigner, deux missions fondamentales de SOS MEDITERRANEE. Retour sur notre action de témoignage en mer, alors que l’on cherche à faire disparaître les ONG de sauvetage.

Ne quittons pas la Méditerranée des yeux !

A l’été 2017, une dizaine d’ONG se relayaient dans les eaux internationales pour tendre la main à ceux qui se noient, mais aussi pour être les yeux et les oreilles des citoyens européens. Aujourd’hui, il n’y en a plus une seule. Alors que SOS MEDITERRANEE cherche un nouveau navire suite aux multiples attaques qui l’ont privée temporairement de son outil de travail, le navire Sea Watch 3 est retenu à Catane pour des raisons administratives après avoir enfin débarqué, le 31 janvier, les 47 rescapés à son bord qui avaient dû patienter en mer durant 13 jours, faute de port de débarquement. L’Open Arms, lui, n’a toujours pas l’autorisation de quitter Barcelone, le Aita Mari est coincé à San Sebastian, le Lifeline est bloqué à Malte...

Pendant ce temps, l’OIM (Organisation internationale pour les migrations) recense 144 morts au large des côtes libyennes depuis le début de l’année, sans compter tous ceux qui sont disparus sans témoins. Des témoins apparemment devenus gênants et qui sont empêchés de porter assistance, mais aussi de raconter par le menu les agissements des acteurs maritimes… Dans Voyages du désespoir, rapport du Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations-Unies (UNHCR), on relève qu’en moyenne six personnes ont perdu la vie chaque jour en tentant de traverser la Méditerranée en 2018. Par ailleurs, la montée en puissance des garde-côtes libyens a mené au refoulement en Libye de 85 % des personnes secourues ou interceptées...1 Des pratiques financées par l’Union européenne alors qu’elles contreviennent clairement au droit maritime international. (...)

Les navires d’ONG : sentinelles civiles de la Méditerranée

Ce n’est donc pas un hasard qu’on empêche les ONG de naviguer. Par leur simple présence en mer, les navires humanitaires de recherche et sauvetage sont un trait d’union entre les événements auxquels ils assistent en mer et la société civile qui les soutient à terre. (...)

Plus de 170 journalistes embarqués à bord de l’Aquarius

Au cours de deux ans et demi de mission, plus de 170 journalistes internationaux ont embarqué à bord de notre précédent bateau-témoin, l’Aquarius. Depuis sa première mission, le navire a accueilli jusqu’à quatre journalistes de radio, télévision, presse écrite par mission. Ils ont été les témoins oculaires d’une catastrophe se déroulant par définition loin des yeux du grand public, en haute mer. Ils ont eu un accès direct à l’information en passerelle2 à bord des canots de sauvetage avec les marins-sauveteurs, sur le pont avec les équipes et les rescapés et, quand cela était possible, dans la clinique et le « shelter ».

Des centaines d’articles, portraits, reportages, documentaires et même une BD4 ont été produits à bord de l’Aquarius. (...)

Dans ce contexte, SOS MEDITERRANEE met tout en œuvre pour repartir en mer le plus rapidement possible. Pour continuer à sauver des vies, continuer à accueillir des témoins et ne pas quitter la Méditerranée des yeux.