Les créneaux de rendez-vous explosent, les créneaux disponibles sont de plus en plus lointains et les créneaux sans rendez-vous sont de plus en plus impossibles. Une situation intenable tant pour le soignant que pour le patient qui se retrouvent souvent victimes d’un épuisement physique et moral… (...)
Au cabinet médical, nous disposons de plages horaires sans rendez-vous et d’autres avec rendez-vous, pour permettre à tous les patients d’être vus s’ils le souhaitent sans attendre trop longtemps. Je ne parle pas des urgences, je parle des petites pathologies bien irritantes qui n’engagent pas un pronostic mais qui ne souffrent pas pour autant d’être traitées trop tard.
Je ne me vois pas dire à un patient qui appelle pour une angine : "j’ai un créneau vendredi à 17h" alors qu’il a du mal à déglutir et ne dort plus.
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stress accru pour le soignant, pour le patient qui attend deux heures en salle d’attente, un risque d’erreur démultiplié de ma part, mais aussi un épuisement physique et moral certain.
À titre personnel, nous ne prenons plus de nouveaux patients dans mon cabinet médical, car on ne peut plus accueillir personne, et je sais que c’est la même chose pour nombre de mes confrères.
Quand vous avez la salle d’attente pleine de gens fatigués, malades, et pressées, le stress est réel.
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Le temps de consultation s’est raccourci pour pouvoir accueillir la masse de patients. Ce temps de consultation raccourci, c’est aussi un des visages du désert médical.
L’autre jour, un patient partageait sur les réseaux sociaux une capture d’écran d’un célèbre site de prise de rendez-vous médicaux en ligne.
Le premier créneau pour un rendez-vous médical avec un médecin généraliste était… le 12 juillet !
Voilà.
Là je vous parle de la médecine générale mais c’est pareil voir bien pire pour les autres spécialités, ophtalmologues compris. Les standards sont saturés, et les secrétaires médicales croulent sous les appels.
On en arrive à la situation absurde où on passe plus de temps à poiroter au téléphone qu’à examiner cliniquement les patients.
Ce n’est pas de la médecine, c’est un jeu des chaises musicales sauf que personne ne s’amuse
Le 17 mars dernier, un homme est mort d’une hémorragie digestive au Nouvel Hôpital Civil de Strasbourg après avoir passé près de 14 heures aux urgences sans prise en charge. Les salariés dénoncent le manque de personnel et de soignants dans ce drame.
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Je ne veux pas devenir un soignant pressé, mais le système est ce qu’il est, et je me sens sous pression. Et mes confrères et consœurs aussi, je le sais.
Et personne ne sort gagnant de cette situation, les patients les premiers car un soignant maltraité c’est un soignant qui risque d’être maltraitant.
Actuellement, je le dis clairement : notre système de santé est maltraitant avec les soignants.