
Mardi, le procès de neuf Afghans soupçonnés d’avoir appartenu à un réseau de passeurs pour faire traverser la Manche à des migrants s’est ouvert à Paris. Ils auraient permis à 53 personnes de tenter de rejoindre le Royaume-Uni entre janvier et mars 2021.
Neuf hommes, tous afghans, sont jugés depuis mardi 11 avril à Paris. (...)
Âgés de 21 à 39 ans, ils sont accusés d’avoir acheminé 53 exilés, principalement Vietnamiens et Afghans, lors de quatre dates de mise à l’eau en janvier, février et mars 2021. Dans les quatre trajets, tous les passagers ont été secourus, soit dans les eaux françaises, soit anglaises. (...)
Le procès doit durer jusqu’au 20 avril. Quatre prévenus, qui comparaissent dans le box, sont considérés par l’accusation comme ayant joué les rôles les plus importants, d’organisation et de décision, les cinq autres étant jugés pour une participation secondaire. Ils sont renvoyés devant le tribunal pour "aide au séjour irrégulier d’un étranger en France en bande organisée" et "association de malfaiteurs".
Leur arrestation a pu être possible au terme d’une enquête de plusieurs mois, débutée en novembre 2020 par un renseignement transmis par l’unité franco-britannique de renseignement opérationnel (URO). Il avait permis de retracer dans un premier temps une trentaine d’aller-retours de l’un des prévenus.
Fonctionnement d’un passage
Les investigations de l’Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi d’étrangers sans titre (Ocriest) avaient ensuite consisté pendant plusieurs mois en des écoutes téléphoniques, des exploitations bancaires et des surveillances. (...)
En garde à vue, l’un des prévenus avait décrit le fonctionnement d’un départ auquel il avait assisté : l’un des passagers, désigné comme capitaine, pouvait voyager gratuitement ; un autre, qui donnait la direction du bateau à l’aide d’un GPS maritime, payait la moitié du prix.
Pour monter à bord, chacun devait verser entre 1 500 et 4 000 euros, selon l’accusation - soit un total allant de 68 000 à 180 000 euros environ. (...)
Malgré un renforcement constant des moyens de surveillance des côtes françaises, en très grande partie financée par Londres, les départs d’embarcations de migrants ne faiblissent pas sur la Manche. (...)