Le marché de ces adjuvants à l’alimentation explose, notamment sur internet. Or toutes les données ne figurent pas toujours sur l’étiquette, ce qui n’est pas sans danger pour leurs adeptes.
Derrière la popularité des compléments alimentaires il y a, notamment, cette idée qu’ils ne peuvent nous faire que du bien… C’est oublier qu’il y a des dangers potentiels à multiplier les prises de vitamines et autres minéraux. Et les consommateurs n’en sont pas toujours bien avertis.
En effet, à la différence des médicaments, pour voir leur commercialisation autorisée les compléments alimentaires ne sont pas tenus de renseigner sur ce point de façon poussée l’organisme de régulation des médicaments d’Australie, le Therapeutic Goods Administration (TGA). (En France non plus, aucune autorisation de mise sur le marché spécifique n’est exigée, mais ils sont surveillés comme toute denrée alimentaire. Ils font l’objet d’une déclaration à la Direction de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Les substances chimiques utilisées dans leur fabrication doivent également être sans danger, ndlr.)
J’ai identifié six façons dont la prise de ces compléments désormais si fréquents pourrait s’avérer nocive. Ces résultats ont été publiés dans la revue spécialisée Australian Prescriber.
Que sont les compléments alimentaires ?
Ces produits peuvent contenir des extraits de plantes, des vitamines, des minéraux, des acides aminés, des enzymes, des algues, etc. Ils sont destinés à compléter notre régime alimentaire, et non à procurer un quelconque effet thérapeutique.
« Les ventes de médicaments complémentaires ont été stimulées par les craintes liées au Covid, mais les allégations de renforcement du système immunitaire à leur égard font plus de mal que de bien. »
En Australie, les compléments alimentaires dominent largement l’industrie des médecines dites complémentaires, dont ils font partie. (...)
Les compléments alimentaires les plus utilisés sont ceux contenant vitamines et minéraux : vitamine D, vitamine C, vitamine A et calcium ou magnésium. D’après une étude publiée dans le journal Nature, ils sont utilisés par 47% des consommateurs.
Sur quoi faut-il être vigilant ?
Beaucoup disent qu’ils n’ont jamais entendu parler de risques concernant les compléments alimentaires. Ce qui n’est pas surprenant : la communication à leur propos met principalement en avant les bénéfices que l’on peut tirer de leur consommation. Les risques potentiels sont peu mentionnés.
La notice d’information est souvent limitée et ne mentionne que rarement les risques d’effets secondaires. (En France, l’étiquetage est tenu d’apporter certaines informations. Il existe également un dispositif où peuvent être déclarés les effets indésirables observés, nutriviligance, ndlr.)
Il existe pourtant des nuisances bien connues causées par les ingrédients entrant dans la composition des compléments alimentaires. C’est un fait bien établi en pharmacologie, surtout quand ces ingrédients sont consommés à haute dose.
Pour ces raisons, en Australie, la prise à haute dose de certaines vitamines et minéraux est régulée et ne peut être reçue que par un pharmacien ou sur prescription médicale. (En France, des recommandations sanitaires sont également disponibles, et indiquent les doses journalières maximales recommandées, ndlr.)
« J’ai reçu de nombreuses questions (et des messages haineux désagréables) de la part des promoteurs du suppléments. La plupart d’entre eux (une industrie énorme) ont peu de preuves à l’appui. Ils sont souvent contaminés. Oui, nous avons besoin de recherches cliniques pour identifier l’efficacité de certains composants (par exemple pour l’acide folique et la vitamine D). »
Si les effets secondaires sont les risques potentiels qui viennent en premier à l’esprit, les compléments alimentaires peuvent avoir d’autres conséquences. J’en ai identifié six, de différentes natures :
Les effets secondaires indésirables, qui peuvent découler d’un usage bref comme sur le long terme (...)
Les interactions médicamenteuses : les mélanges avec certains traitements peuvent entraîner une toxicité ou diminuer l’efficacité de ces derniers.
Le coût : multiplier les compléments n’est pas anodin.
Le retard de prescription : les compléments ne sont pas des médicaments. Mais il arrive que leur prise soit considérée comme suffisante face à un problème de santé (...)
La fraude et de faux espoirs : certains compléments peuvent afficher des promesses frauduleuses.
Les mélanges inappropriés : à multiplier les médicaments et les compléments alimentaires, on multiplie les risques d’erreur : (...)