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Nationalisation partielle des Fonds de pension en Pologne : Un pas dans la bonne direction, mais...
Article mis en ligne le 18 octobre 2013

La Pologne est bon élève du néolibéralisme en Europe : privatisations, dérégulations, soutien au business sur le dos de la société. Depuis quelques mois il y a un changement significatif : le gouvernement libéral nationalise une grande partie du marché des fonds de pensions privés, pour réduire la dette publique.

« Il faut travailler plus longtemps et finir avec la culture de la vie à crédit ». Pourquoi ? Parce que « nous devons envoyer le signal fort en direction des marchés financiers internationaux ». Ces mots de Jerzy Buzek, ancien président du Parlement européen, peuvent expliquer post factum pourquoi son gouvernement a privatisé en 1999 une grande partie du système de retraites en Pologne. Les médias ont vanté le nouveau système grâce auquel les futurs retraités pourront passer leurs vieilles années dans les Maldives. (...)

Dans son livre « La privatisation des retraites » |1| , Mitchell A. Orenstein a montré comment l’introduction de la réforme de Buzek était précédée par la pression de la Banque mondiale et du FMI et par la campagne menée, entre autres, par U.S. Agency for International Development. Il s’agit bien sûr de garantir un nouveau marché lucratif aux Institutions financières internationales, qui pourraient seulement gagner sur la gestion de flux permanent de cotisations obligatoires. (...)

La Pologne est sortie du « communisme » avec un très important fardeau d’endettement extérieur, qui a été annulé, en grande partie, pour des raisons politiques : la nécessité de soutenir la transformation économique dans un pays emblématique de cette sortie du « communisme ». La nouvelle politique financière a fait le choix de l’endettement intérieur plutôt qu’extérieur. La réforme de retraites a totalement changé la donne.

Selon le dernier rapport des Ministres du Travail et des Finances, sans l’introduction des OFE la dette de la Pologne à la fin de 2012 aurait été de 38 % du PIB |2| (soit presque le même niveau qu’au moment de l’introduction de la réforme). Aujourd’hui l’endettement public est supérieur à 55 % du PIB. C’est-à-dire que la dette liée avec les OFE a atteint 300 milliards de zloty (plus de 70 milliards d’euros !). Et chaque année elle grandit presque automatiquement – déjà en 2010 les experts ont prévenu le gouvernement que dans 50 ans la dette due à la réforme des retraites approcherait 94 % du PIB.

Le gouvernement a peur du coût de cette réforme depuis quelques années déjà. Même les ultralibéraux, comme le ministre des Finances Jacek Rostowski, ont proposé un changement radical de ce système. (...)