
La cour administrative d’appel de Toulouse a condamné l’Etat à indemniser la famille de Rémi Fraisse, en confirmant le jugement du tribunal administratif ce mercredi 22 février en retenant sa "responsabilité sans faute" dans la mort du jeune homme en octobre 2014 par un tir de grenade lors d’une manifestation à Sivens.
Des montants en deçà de ceux demandés par la famille du fait que la victime "s’est délibérément rendue sur les lieux des affrontements" tout en soulignant son "imprudence" d’avoir eu "conscience de s’exposer à un risque de décès" et sa non-violence "envers l’escadron de gendarmerie". La justice a évalué la responsabilité de l’Etat "à hauteur de 20%".
Cette décision "est décevante", juge Maître Dujardin, avocate de la mère et de la sœur de la victime, qui avait fait appel incident après la première instance. "Nous voulions que le jugement soit infirmé en reconnaissant la responsabilité entière de l’Etat et aucune de la part de la victime."
Dans la nuit du 25 au 26 octobre, Rémi Fraisse est décédé à Sivens dans le Tarn, suite à une grenade offensive lancée par un officier de gendarmerie lors d’affrontements violents qui se sont déroulés entre les forces de l’ordre et les manifestants. (...)
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– (Contre-Attaque)
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Rémi aurait 29 ans aujourd’hui. Sa mort constitue un tournant politique majeur. Le 26 octobre 2014, au matin, le corps du jeune écologiste de 21 ans est retrouvé, tué par l’explosion d’une grenade de la gendarmerie. Une munition « offensive », composée de TNT.
Toute la nuit qui vient de s’écouler, des dizaines de grenades et de balles en caoutchouc ont été envoyées sur quelques grappes de manifestant-es écologistes qui défendent les ressources en eau. L’actualité montre aujourd’hui à quel point ils et elles avaient raison.
Après la mort de Rémi en 2014, il n’y a pas eu de sursaut collectif contre les violences policières. C’est un tournant historique : au lieu de calmer le jeu, le gouvernement de François Hollande choisit la force. Il interdit les manifestations en hommage au jeune écologiste. Les villes sont mises en état de siège. Rennes, Nantes ou Toulouse sont occupées, plusieurs samedis d’affilée, par des dispositifs de centaines d’uniformes, appuyés par des hélicoptères.
Tout est fait pour réduire à néant les protestations, étouffer les braises. La gauche syndicale et associative est aux abonnés absents.
Les gouvernants comprennent à ce moment là qu’ils peuvent tuer un opposant politique sans provoquer de soulèvement, sans réaction massive. Depuis, il y a eu la Loi Travail, les Gilets Jaunes, des mobilisations sociales, écologistes, ou pour défendre les libertés : toutes réprimées avec une férocité extrême. Les mains arrachées, les yeux perdus, les blindés dans les rues, les trous dans les visages, les armes de plus en plus dangereuses… La mort de Rémi est un palier dans la montée des violences d’État en France. (...)