Le laboratoire, déjà à l’origine d’un vaccin ARNm contre le Covid-19, a utilisé cette même technologie pour développer un vaccin contre le virus du sida. La première phase des essais cliniques débute jeudi, et permettra de confirmer l’efficacité du produit et de détecter de potentiels effets secondaires.
Après le Covid-19, Moderna réussira-t-il à mettre au point un vaccin à ARN messager efficace contre le virus du sida ? Au début de l’année 2021, le géant américain des biotechnologies avait annoncé qu’un sérum développé pour lutter contre le VIH avait rencontré de très bons résultats lors de tests préliminaires. Sur 24 personnes qui ont reçu une injection du vaccin, 23 (soit 97% d’entre elles) ont créé des anticorps contre le virus responsable du syndrome d’immuno déficience acquise (sida).
Plusieurs mois plus tard, Moderna va se lancer dans la phase 1 de ses essais cliniques, explique l’entreprise dans une note publiée le 11 août sur ClinicalTrials.gov. Ils débuteront dès jeudi.
Étudier la sécurité et l’efficacité du vaccin
L’expérience concernera 56 personnes âgées de 18 à 50 ans en bonne santé et non-infectées par le VIH. Deux formules du vaccin seront testées, détaille le laboratoire : le mRNA-1644 et le mRNA-1574. Toutes deux reposent sur la technologie de l’ARN messager.
Pour rappel, contrairement aux vaccins à vecteur viral, qui introduisent une version atténuée d’un virus dans le corps d’une personne pour apprendre à son système immunitaire à se défendre, les vaccins à ARN messager vont donner "une recette" aux cellules humaines. Il s’agit d’injecter dans l’organisme des brins d’instructions génétiques, appelés justement ARN messager, qui vont pousser l’organisme à fabriquer un antigène spécifique. Les cellules vont alors être capables de produire elles-mêmes les protéines de l’agent pathogène visé, ce qui va activer le système immunitaire.
Durant cette première phase, Moderna étudiera la sécurité des vaccins, vérifiera qu’ils n’engendrent pas d’effet secondaire grave et qu’ils permettent au corps de produire une quantité suffisante d’anticorps. Il faudra aussi s’assurer que ces derniers sont durables et efficaces.
En cas de résultats concluants et prometteurs, il s’agirait d’un grand pas vers le début de la fin d’une maladie qui contamine tous les ans 2 millions de personnes et en tue chaque année près de 700.000 (...)
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C’est le premier essai clinique humain pour ce vaccin à ARN messager développé par Moderna.
La pandémie liée à la maladie Covid-19 a mis un coup de projecteur sur les vaccins basés sur la technique de l’ARN messager (ARNm). Celle-ci est en développement depuis plusieurs décennies maintenant, et était déjà décrite comme source d’espoirs dans la lutte contre certaines maladies. Parmi elles, le VIH — le virus du Sida. Il se trouve que l’entreprise Moderna, à laquelle on doit l’un des principaux vaccins actuels contre le covid, s’apprête à lancer un essai clinique humain pour son vaccin contre le VIH, le virus responsable du sida.
La fiche de l’essai a été publiée le 11 août sur ClinalTrials. L’étude est aidée par l’Initiative internationale pour un vaccin contre le sida (IAVI), un organisme à but non lucratif qui soutient la recherche scientifique publique et privée pour l’établissement d’un vaccin contre cette maladie. (...)
résultats finaux courant 2023, donc d’ici un an et demi. Il faudra ensuite entrer en phase 2 et 3 si les résultats sont positifs.
Le virus du VIH est bien différent du coronavirus SARS-CoV-2. Les avancées contre le covid ont été rapides, car il s’agit d’un genre de virus relativement compris par les scientifiques, et bien sûr aussi grâce à la levée sans précédent des obstacles logistiques et financiers au développement de vaccins le ciblant. Il a en revanche été notoirement difficile de développer un vaccin efficace contre le Sida pendant toutes ces décennies. En cause, le virus du VIH est très difficile à cibler (...)
Il faudra quoi qu’il en soit attendre encore quelques années avant d’espérer un vaccin contre le VIH, le virus à l’origine du Sida. Le défi scientifique est immense, mais la recherche est, clairement, en bonne voie. Et il se peut que les recherches menées dans le cadre de la pandémie Covid-19, grâce à des obstacles levés à une vitesse inédite, aident à ce type d’avancées.
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Non seulement la course au vaccin n’est pas inquiétante, mais elle est même favorable : « On est face à une situation où l’ensemble des labos de recherche et entreprises qui produisent des vaccins se sont mis sur les mêmes objectifs. Il y a une partie concurrentielle, mais aussi une partie commune de recherche scientifique », explique l’infectiologue à Numerama. Les découvertes donnent lieu à des publications accessibles à toute la communauté scientifique. Pfizer a publié ses recherches dans The New England Journal of Medecine, et Moderna a fait de même. « C’est une course commune, dont les premières étapes sont partagées. C’est ce qui permet d’aller très vite. Les moyens sont maximaux, c’est du jamais-vu. » (...)
,mais tout est très standard », relève Nathan Peiffer-Smadja. Avant d’en arriver aux pourcentages préliminaires d’efficacité qui ont été diffusés par certains laboratoires, il y a eu d’abord une étude préclinique, puis une phase 1 avec de petits groupes, puis une phase 2 avec bien davantage de personnes, puis enfin la fameuse phase 3 avec des dizaines de milliers de patients. (...)
Ce respect scrupuleux des phases et de la méthode doit aussi conduire à rappeler que tous les résultats de phase 3 qui ont été diffusés à ce jour — Pfizer, Moderna, AstraZeneca — sont des résultats préliminaires, et non pas finaux. (...)
Nous n’avons pas accès à ces données. Elles seront publiées plus tard, lors de la finalisation des études. « Avant de tirer des conclusions, il faut attendre les publications scientifiques », rappelle Nathan Peiffer-Smadja. Quant à l’homologation, elle sera faite dans les règles « voire avec plus encore d’exigence ».