L’urgence de la réduction des émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement climatique pousse à trouver des solutions miraculeuses. Les océans sont au centre des spéculations de la géo-ingénierie, qui développe des techniques pour l’heure hasardeuses et aux effets collatéraux possibles élevés.
. Plutôt que de changer le système, pourquoi ne pas changer le climat ? Bloquer les rayonnements solaires ou modifier la chimie des océans… Des arcanes du pouvoir jusqu’aux laboratoires, la géo-ingénierie progresse.
« Certains pays comme les États-Unis et la Chine sont tentés de lancer des programmes de recherche d’envergure sur ces sujets, note Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherche au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et chercheur associé à l’Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales). Les dérèglements climatiques sont de plus en plus extrêmes, et l’atténuation est difficile : les solutions technologiques apparaissent si séduisantes qu’elles semblent inévitables. »
Séduisantes, mais non dénuées de dangers. Le 8 octobre dernier, jour de la publication du rapport du Giec, une centaine d’organisations internationales ont rédigé un manifeste exigeant l’arrêt immédiat des expériences en cours et l’interdiction pure et simple de la géo-ingénierie.
Pour tenter d’y voir plus clair, un groupe de scientifique, dont Jean-Pierre Gattuso, s’est penché sur plusieurs de ces technologies, ciblant particulièrement celles orientées vers l’océan. Leur conclusion est sans appel : « Il s’agit de solutions incertaines, hasardeuses, avec de potentiels effets collatéraux importants, et qui s’adressent aux symptômes sans répondre aux causes de la crise climatique », résume Alexandre Margan, coauteur et chercheur à l’Iddri. Le résultat de leurs recherches a été publié dans la revue Frontiers in Marine Science le 4 octobre dernier, sous le titre Ocean Solutions to Address Climate Change and Its Effects on Marine Ecosystems.
Pour chaque technique, ils ont étudié son efficacité, sa faisabilité, ses avantages et inconvénients, mais également les cobénéfices et les effets collatéraux à redouter. Petit tour d’horizon de ces fausses solutions.
1. Testée et non approuvée : la fertilisation (...)
2. Celle qui pourrait tout résoudre… ou tout détruire : l’alcalinisation (...)
3. Réfléchir le soleil, il ne faut pas trop y penser !(...)
4. Beccs, la fausse panacée (...)
D’après les chercheurs, les deux seules mesures d’envergure sans risque notoire sont le développement des énergies renouvelables marines et le stockage de carbone via la protection des mangroves et autres végétations présentes dans nos mers. Surtout, notent-ils, « il faut combiner différentes solutions, locales et mondiales, de protection, d’adaptation et d’atténuation ». Et éviter de perdre du temps à jouer aux apprentis sorciers du climat.