Il en va ainsi de la démocratie en état d’urgence. Journalistes et intervenants qui devaient participer ce mercredi à la conférence de presse organisée à l’Assemblée nationale, sur les dangers qui menacent la liberté d’information et d’expression en France (loi de 1881), n’ont même pas pu accéder à la salle de presse du Palais Bourbon ! Cette initiative faisait suite à la publication d’une tribune parue dans l’édition du 6-7 novembre du journal Le Monde, par un collectif de journalistes, d’avocats, de magistrats et d’universitaires, réunis autour du Syndicat National des Journalistes (SNJ), de l’Association de la presse judiciaire (APJ), de l’Association des journalistes économiques et financiers (AJEF) et de l’Association des journalistes de l’information sociale (AJIS).
Empêchés d’accéder à la salle des conférences de presse de l’Assemblée nationale, qui avait été réservée par le député écologiste EELV Noël Mamère, les participants se sont repliés dans le hall d’accueil, où se sont improvisées les prises de paroles, sous les yeux d’un service d’ordre qui a même tenté d’empêcher les journalistes présents de filmer ou de faire des photos, un comble !
Loi Renseignement, Etat d’urgence, directive européenne secret des affaires, Dominique Pradalié, porte-parole du SNJ, a détaillé les atteintes et menaces qui pèsent depuis dix-huit mois sur la liberté de la presse, la protection des sources des journalistes et la liberté d’informer en général. (...)
(...) L’ensemble des intervenants sont également revenus sur les récentes attaques sénatoriales contre la loi de 1881 garantissant la liberté d’expression à travers des amendements introduits dans le projet de loi « Egalité et Citoyenneté ». (...)
La parole a été donnée à Milan Poyet, journaliste gréviste à I-Télé, venu s’exprimer au nom de la SDJ et des salariés, entrés ce jour dans leur 24e jour de grève, dans le silence assourdissant des politiques. Les députés écologistes Noël Mamère, Cécile Duflot et Isabelle Attard ont assuré les grévistes de leur soutien, dans cette lutte courageuse et exemplaire d’une rédaction face aux abus de pouvoir d’un actionnaire imbu de ses pleins pouvoirs. (...)
Ce conflit éthique, symbolique, et inédit dans l’histoire de l’audiovisuel privé, dépasse de loin l’entreprise I-Télé, concerne toute la profession, et au-delà la démocratie, sérieusement questionnée aujourd’hui, à la « lumière » du résultat des élections américaines.