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Ligue des droits de l’Homme
Lettre ouverte au président de la République pour l’interpeller sur la dégradation des conditions de vie des plus précaires
Lettre ouverte signée par les présidents des associations membres du comité exécutif d’Alerte, dont la LDH est membre
Article mis en ligne le 12 novembre 2019

Monsieur le Président de la République,

Les associations de lutte contre la pauvreté et l’exclusion réunies au sein du Collectif Alerte souhaitent vous saisir de leurs vives inquiétudes face à la dégradation du niveau de vie des personnes les plus précaires depuis deux ans.

En effet, en dépit de quelques dispositions positives comme, par exemple, la mise en place de la complémentaire santé solidaire ou la revalorisation de la prime d’activité, un grand nombre des mesures mises en œuvre, comme la baisse de 5 euros des APL mais également la désindexation des allocations logement et des prestations familiales, ont contribué à une diminution du pouvoir d’achat d’une grande majorité des personnes les plus pauvres. Si nous avons salué la revalorisation de la prime d’activité annoncée à l’automne 2018, elle ne bénéficie, par construction, qu’aux personnes occupant aujourd’hui un emploi. Or, même si nous nous félicitons de la baisse du taux de chômage constatée depuis plus d’un an, la France reste encore très loin du plein emploi. Par ailleurs, la réforme de l’assurance chômage présentée en juillet dernier nous alarme, dès lors que les économies annoncées proviendront, en grande partie, du durcissement des conditions d’accès à l’indemnisation, du renouvellement des droits et du calcul des indemnités versées et risquent ainsi de faire entrer davantage de personnes dans la pauvreté.

Ces inquiétudes ont été confirmées récemment par les études publiées par l’Institut des politiques publiques (IPP) et l’Insee. Outre l’estimation de l’Insee d’une hausse du taux de pauvreté de l’ordre de 0,6 point pour atteindre 14,7 % de la population en 2018 (+0,2 point si on neutralise la baisse des APL dans le parc HLM), l’étude de l’IPP confirme que les 9 % des ménages les plus modestes ont perdu du pouvoir d’achat en 2019 avec les effets cumulés des mesures de 2018 et 2019. Cette étude indique également que les 10 % des ménages les plus pauvres auront des gains de pouvoir d’achat quasiment nuls sur l’année 2020, au regard des annonces budgétaires actuelles.

Au total, les plus pauvres apparaissent aujourd’hui comme les grands perdants de l’action gouvernementale. Ce bilan ne cesse de nous interroger quand, en parallèle, le pouvoir d’achat des classes moyennes et des plus aisés augmente sensiblement, du fait notamment des politiques fiscales ou sociales du gouvernement. La pauvreté et les inégalités augmentent ainsi en même temps, minant la cohésion sociale de notre pays. (...)

Face à cette urgence sociale, nous restons à votre disposition pour travailler ensemble afin d’échanger et de construire ensemble des réponses adaptées qui placent la réalité de vie des personnes les plus vulnérables au cœur de la volonté de réforme. (...)