
Contrairement aux « gilets jaunes » qui peuvent apparaître comme un espace rassembleur de revendications de différentes catégories, les « stylos rouges » se présentent comme l’expression revendicatrice d’une catégorie particulière - celle des enseignants - avec ses spécificités, dont l’importance des vacances scolaires n’est pas la moindre, un aspect fortement distinctif voire clivant...
Certains ’’Stylos rouges’’ appréhendent qu’il faudrait sans doute créer des ’’ponts’’ avec les non-enseignants via des propositions de changements dans le système scolaire. Mais la problématique des ’’réformes’’ scolaires est délicate à manier car les risques de division sur ces questions là l’emportent a priori sur les chances de rassemblement.
Restent alors avant tout les deux points basiques de revendications : diminution du nombre d’élèves par classe et/ou augmentation des rémunérations des enseignants. Dans le contexte de l’objectif de diminution du nombre de fonctionnaires, la tendance gouvernementale actuelle est à l’accroissement des revenus des professeurs du secondaire via des heures supplémentaires (reprise d’un slogan connu de la période sarkoziste : ’’travailler plus pour gagner plus’’) . Jean-Michel Blanquer l’a encore souligné dimanche dernier en précisant que 250 millions étaient prévus pour ces nouvelles heures supplémentaires défiscalisées (mais elles ne concernent en tout état de cause que les professeurs du secondaire).
Cependant, même dans ce cas de figure, ce que les uns et les autre ont généralement en tête ( et c’est aussi très présent sur les réseaux sociaux ou dans nombre de médias) quand il s’agit des enseignants , c’est l’importance des vacances scolaires. Cela suscite des affrontements (ou des blocages) plus ou moins bien informés ou fondés.
La première remarque à faire, c’est que la durée globale de semaines de vacances scolaires n’a pas bougé depuis la fin de la troisième République (période où elle s’est fortement installée, en différents épisodes de croissance) (...)
La deuxième remarque à faire également est que la durée globale actuelle de semaines de vacances se situe pour l’essentiel dans la moyenne des autres pays (signe qu’elle a sans doute ses raisons propres d’existence, tenant d’abord au fait que cela concerne avant tout des enfants et des jeunes)
Selon les comparaisons internationales décrites en 2010 dans le cadre de l’OCDE, la France fait partie du quart des pays examinés ( 32 en tout) dont la durée de l’année scolaire n’excède pas 36 semaines alors que la médiane des 32 pays se situe à 38 semaines (et que le tiers d’entre eux dépasse les 40 semaines). Seuls deux pays ont une année scolaire moins longue (35 semaines) que celle de la France (36).
La France ne se situe pourtant que dans la moyenne pour ce qui concerne les ’’grandes vacances’’ avec ses 9 semaines de congés estivaux ; mais c’est en France que les congés en cours d’année sont les plus longs (avec 4 périodes de deux semaines réparties sur les dix mois de l’année scolaire). Les autres pays ont rarement des ’’petites vacances’’ qui dépassent la semaine.
La troisième remarque, c’est qu’il faut sans doute tordre le coup à un ’’canard’’ récurrent (et qui court encore actuellement dans les réseaux sociaux voire certains médias). Deux mois de vacances d’été, certes, mais seulement dix mois de paye par an : voilà ce que rétorquent certains enseignants lorsqu’on leur oppose leurs longs congés d’été. Un contre-pied qui serait justifié… s’il était vrai..
En 1986, ce type d’argumentation avait fait l’objet d’une question d’un député RPR, Robert-André Vivien, au ministre de l’Education nationale, comme l’a rappelé le 10 décembre 2012 le professeur des écoles Lucien Marbœuf sur son excellent blog ’’L’Instit’humeurs’’. (...)
Dans "Libération’’, le 31 juillet 2010, Joël Péhau, secrétaire national du syndicat Unsa, avait été lui aussi très affirmatif : il s’agit d’« un mythe ». Les professeurs du primaire et du secondaire sont bien payés douze mois par an, et non pas dix. « Les dix mois sur douze, cela remonte à une ordonnance prise avant que la fonction publique n’existe. On rapportait les dix mois de paye sur douze mois, mais c’est tombé. Depuis, il y a eu plusieurs décrets statutaires, en 1946, 1983 et 2003 détaillant la rémunération des professeurs, et ils sont bien payés douze mois sur douze ; le reste, c’est de la littérature" .
j'avoue que ces délires sur les 16 semaines de vacances de profs qui foutent rien... y a que des non profs ou des gens qui vivent pas avec des profs qui le pensent
dèja pendant toutes les "petites" vacances on bosse (copies à la pelle, cours à préparer, administratif en retard) https://t.co/GgdUSGyx61— Mathilde Larrere (@LarrereMathilde) 4 janvier 2019