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Mediapart
Les traditionalistes célèbrent toujours la messe sans masque
Article mis en ligne le 8 janvier 2022
dernière modification le 7 janvier 2022

Le 24 décembre, le curé et des dizaines de fidèles de l’église traditionaliste Saint-Éloi, à Bordeaux, ont célébré la messe de Noël sans masque, comme en atteste une vidéo transmise à Mediapart. À Paris et à Reims, des prêtres intégristes s’étaient déjà vu infliger des amendes pour ne pas avoir respecté les consignes sanitaires.

Chants en latin, curé dos à l’assemblée… et visages non masqués. Lors de la veillée de Noël, alors que la cinquième vague Omicron s’élevait doucement au-dessus du pays, les traditionalistes bordelais ont fait peu de cas des règles sanitaires. Une vidéo transmise à Mediapart montre ainsi des dizaines de personnes célébrant sans masque la naissance du Christ au sein de l’église Saint-Éloi, qui affichait complet.

« Ce n’est pas la première fois que ça arrive, il y a déjà eu des rappels à l’ordre. On ne peut que déplorer que les consignes données n’aient pas été respectées », regrette le diocèse de Bordeaux auprès de Mediapart. Actuellement, le masque est obligatoire pour les plus de 11 ans, tout comme l’utilisation de gel hydro-alcoolique, et la communion doit être donnée sur la main et non à la bouche. (...)

Cette église du centre-ville, créée officiellement en 2007 par des tenants de la liturgie traditionnelle antérieure à Vatican II, est une paroisse dite « personnelle ». Elle est placée sous l’autorité administrative du diocèse de Bordeaux, mais dépend en réalité de l’Institut du Bon-Pasteur.

Son fondateur, l’abbé Philippe Laguérie, par ailleurs ancien curé du fief intégriste parisien Saint-Nicolas-du-Chardonnet, s’était notamment illustré en baptisant la fille du polémiste multicondamné Dieudonné – filleule de Jean-Marie Le Pen –, ou en célébrant les obsèques du milicien Paul Touvier.

En 2010, une émission de France 2 tournée en caméra cachée, « Les infiltrés », avait fait grand bruit. On y voyait notamment, au sein de l’école hors contrat Don Bosco-Saint-Projet, émanation de Saint-Éloi, des cours d’histoire où Pétain était décrit comme « un homme qui a rendu d’énormes services à son pays », tandis que de Gaulle serait coupable de « désertion », et des élèves entonnant des chants nazis.

Contacté par Mediapart, le curé de Saint-Éloi, l’abbé Grégory Lutz-Wiest, s’est contenté d’indiquer qu’il « n’étai[t] pas à la paroisse le 24 décembre » et a refusé de répondre à nos questions.

Religieux en garde à vue (...)

D’après le journal 20 minutes, la paroisse avait déjà été signalée à deux reprises l’année précédente, « le 12 et le 26 avril 2020, après la célébration de messes en plein confinement ». Celles-ci étaient alors complètement interdites.