
Une quarantaine de militants de la Confédération paysanne se sont rassemblés à Paris le 5 mai devant le siège de Cargill, géant étasunien de l’industrie agroalimentaire. Ils protestaient contre la spéculation sur les céréales exercée avec la guerre en Ukraine.
(...) Une quarantaine de paysans de la Confédération paysanne se sont rassemblés le 5 mai au pied de la tour hébergeant le siège national de Cargill, firme agroalimentaire étasunienne réalisant 120 milliards d’euros de chiffre d’affaires. « Le pouvoir sur le coût des céréales se trouve entre les mains des spéculateurs en costard qui travaillent dans ces bureaux, déplore Nicolas Girod, porte-parole du syndicat, parmi la petite nuée de drapeaux jaunes flottant au gré des bourrasques. L’État a délégué la sécurité alimentaire au secteur privé, qui n’est là que pour les bénéfices. » (...)
Dans les rayons des supermarchés, l’impact de cette spéculation sur les céréales est déjà palpable. D’après l’institut d’études spécialisé IRI (Information resources inc.), au mois d’avril, le coût des pâtes aurait augmenté de 15,31 % sur un an et celui de la farine de 10,93 %. À la même date, l’inflation de l’ensemble des produits alimentaires s’élevait à 3,1 %, un niveau qui n’avait pas été atteint depuis la crise de 2008. (...)
« Ce sont nos paysans qui doivent nous nourrir, pas l’agrobusiness » (...)
« Sous couvert de solidarité internationale, on nous demande de produire plus pour soi-disant nourrir les populations du monde. Personne n’a donc la décence de s’attaquer à ce qui empêche réellement ces gens d’avoir accès à l’alimentation ? » (...)
le problème trouve sa source dans le modèle néolibéral, ainsi qu’aux politiques de dérégulation successives qui l’accompagnent. (...)
Parmi les revendications du syndicat, figure l’arrêt immédiat de la production d’agrocarburants : « Transformer des céréales en carburant dans le contexte actuel est insensé. Nourrissons d’abord les populations affamées, recommande Laurence Marandola. Et puis, nous devons réfléchir à des façons de produire de manière moins dépendante, plus résiliente et plus durable. La souveraineté alimentaire est fondamentale. Ce sont nos paysans qui doivent nous nourrir, pas l’agrobusiness. »
Aux alentours de 16 heures, la quarantaine de paysans a quitté les lieux, sans avoir eu le loisir d’écouter un représentant de la multinationale expliquer comment celle-ci parvenait à s’enrichir sur leurs céréales. (...)