
Une étude diligentée par Générations futures montre que les riverains des grandes cultures, vignes et vergers, sont soumis aux dangers des pesticides dans leur propre maison. Et notamment des pertubateurs endocriniens.
Avant, leur maison dans les plaines vertes de la Normandie était entourée de prairies. Mais en 2009, elles ont été converties en champs. « On en a subi les conséquences », raconte Vessela Renaud. « La maison est cernée », explique-t-elle à Reporterre au téléphone. Les cultures arrivent à la lisière de son jardin, et poussent également en face, de l’autre côté de la route.
Dès que pointe la belle saison, avec son mari David, ils comptent : l’épandeur passe en moyenne dix fois dans l’année. « Désormais, quand le tracteur arrive, les enfants savent qu’il faut rentrer. On ferme les fenêtres et on reste dedans, ou on va ailleurs », raconte le père. Une fois un matin, sa femme n’a pas fait attention, elle a respiré des vapeurs alors qu’elle buvait son café sur la terrasse : « J’ai eu des vertiges et des nausées pendant un mois », se rappelle-t-elle. (...)
Des poussières ont été prélevées à l’intérieur des habitations, puis analysées. 8 à 30 pesticides différents ont pu être identifiés dans chaque maison. La poussière de celles proches de grandes cultures (céréales, maïs, colza par exemple) présentaient en moyenne 14,37 pesticides. On arrive à 23,8 pesticides pour les vergers et 26 pour les vignes. « Les résultats montrent des différences nettes selon l’environnement, estime François Veillerette, porte-parole de l’association Générations Futures. On constate que les échantillons prélevés dans les zones de pomiculture et de vigne présentent plus de pesticides que ceux prélevés près des grandes cultures : c’est cohérent avec le nombre de traitements pour chacune de ces productions. » (...)
L’association Générations Futures compte de son côté utiliser ce rapport pour influencer la position de la France au niveau européen. En 2009, l’Union Européenne a adopté un règlement qui exclut a priori les pesticides perturbateurs endocriniens ayant un effet nocif sur les humains. « Le problème est qu’il faut définir les critères qui permettent de définir ce qu’est un perturbateur endocrinien, explique François Veillerette. Or on attend encore la définition. Les lobbys retardent l’application de ce règlement et proposent des critères qui n’aboutiraient qu’à retirer deux substances du marché ! Nous plaidons pour des critères qui en excluraient une trentaine... » Les associations de protection de l’environnement sont donc très vigilantes, et tentent d’inciter la France à prendre position pour une définition efficace. (...)