
Comme si les fraudes ne suffisaient pas, la réglementation européenne autorise désormais toutes les dérives.
C’est une affaire dont la presse n’a pas fait ses choux gras. En décembre, la police italienne a démantelé un énorme trafic de faux produits bio. Les margoulins, soupçonnés d’être liés à la mafia, avaient trouvé la combine : acheter en Roumanie des céréales et des fruits secs bon marché, transformés en produits bio grâce à de faux documents, et revendus quatre fois plus cher à des grossistes qui n’y voyaient que du feu. Neuf pays européens, dont la France, ont profité de ces marchandises pleines de pesticides, dûment étiquetées « bio ».
Depuis cinq ans que durait le trafic, des milliers de tonnes de faux produits bio auraient ainsi été écoulées pour un paquet d’oseille, au moins 220 millions d’euros. Parmi les fraudeurs, cinq dirigeants italiens d’entreprises agroalimentaires et – ça ne s’invente pas – deux responsables d’organismes de certification censés contrôler la filière bio… (...)
Mais, qu’on ne s’y trompe pas, la vraie menace qui pèse sur le bio, ce n’est pas la fraude mais une entourloupe parfaitement légale, et même encouragée par l’Europe : le bio « industriel ». Un oxymore inventé par des puissantes coopératives agricoles liées aux géants de l’agroalimentaire.
Une nouvelle réglementation, pondue par Bruxelles, a rendu possible cette dérive. Quand vous achetez votre poulet bio, vous n’imaginez pas un instant qu’il ait pu être élevé dans un poulailler de 25 600 places. C’est pourtant ce qu’autorise, depuis 2009, le logo « AB » revu par la commission européenne. Et du côté des pondeuses bio, il n’existe aucune limite de taille pour les ateliers.
Privilège du bio, les poulets profitent toutefois, dès leur âge adulte, d’un parcours extérieur où ils peuvent s’ébattre en journée sur… 40cm2 chacun ! Mais la promiscuité leur tape sur les nerfs, et ils sont souvent « ébecqués » pour ne pas s’étriper. Enfin, le poulet bio a désormais droit, une fois par an, à des antibiotiques et, sans aucune limite, aux traitements antiparasitaires. (...)
aucune différence de logo entre une tomate bio cultivée en plein champ par un producteur local et une autre élevée hors-sol et hors saison. C’est bio comme l’antique ! (...)