
Pour la quatrième année, quelques 400 marches sont prévues dans le monde entier contre Monsanto et son système – OGM, pesticides, multinationales prédatrices. A Paris, l’événement est organisé depuis 2013 par un collectif d’activistes, les Engraineurs, également mobilisés contre le Tafta et dans de nombreuses autres combats. Ce printemps, Nuit debout rejoint l’initiative.
Alors que l’Union européenne tergiverse et ajourne une fois de plus la ré-autorisation du glyphosate, substance active du pesticide-star Roundup, les consommateurs n’entendent pas se laisser empoisonner les bras croisés. Ce samedi 21 mai, pour la quatrième année consécutive,400 marches contre Monsanto sont organisées dans le monde, dont 41 en France.
Objectif, « dénoncer collectivement une agriculture intensive, usant de semences génétiquement modifiées et dépendantes de pesticides toxiques (Roundup), sous la coupe de multinationales s’appropriant le vivant (brevet sur les semences) et menaçant la souveraineté des peuples », d’après le communiqué pour la marche parisienne. (...)
Les Engraineurs sont nés, avec une vingtaine de membres. En juillet 2013, ils se dotent d’une charte et se positionnent en faveur « de l’écologie et de la réappropriation des biens communs ». Avec un principe : « engrainer », c’est-à-dire prendre le temps de discuter avec les gens dans la rue pour partager le savoir. (...)
Rapidement, les Engraineurs élargissent leur périmètre de lutte. « Le sujet Tafta a émergé dès septembre 2013, indique Louise. En novembre 2013, nous organisions une manifestation avec le soutien de Stop Tafta. » Depuis, le collectif a organisé plusieurs actions sur ce thème et a soutenu plusieurs mobilisations, comme la Grande Parade métèque qui valorise les bienfaits de l’immigration, les actions de l’association Droit au logement (Dal) et celles de Médecins sans frontières. Il s’est aussi impliqué dans la lutte contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et contre le business des armes en soutien du réseau Votre guerre, nos morts. « Cela se fait au gré des circonstances, des rencontres et des désirs personnels », décrit Louise. Dans le respect de la sensibilité de chacun : si un Engraineur s’oppose à la participation à une action, il dispose d’un droit de veto.
« On voulait retrouver une lutte joyeuse » (...)
Déguisements, mises en scène, teasers vidéo... chacun est invité à exprimer sa créativité et à jouer sur l’ironie. Pas question pour autant de se laisser aller à l’autopromotion. « Nous n’avons jamais eu d’affiches, de banderoles avec notre logo », précise Louise. Dans le même esprit, les organisations amies qui rejoignent les cortèges sont priées de laisser les drapeaux dans les locaux : dans les manifs des Engraineurs, on vient en tant que citoyen.
L’organisation du collectif s’y prête. (...)
Nuit debout a accepté avec enthousiasme l’invitation à participer à la marche contre Monsanto. « J’avais déjà participé à l’événement mais je ne savais pas qu’il était organisé par les Engraineurs », explique Marion, participante très active à la commission, en peaufinant un grand dessin d’épi de maïs - « ou plutôt d’endive transgénique, comme m’a dit l’autre ». « Quand ils sont venus nous proposer de nous joindre au cortège, nous étions plusieurs à être intéressés, poursuit-elle. Par contre, nous les avons tout de suite prévenus que nous ne viendrions pas en tant que soutien aux Engraineurs, mais en tant que citoyens qui expriment leurs propres idées et ont leurs propres pancartes. » Maxime, également habitué de la commission, connaît la marche depuis un peu moins de deux ans. « C’est une lutte très importante qui touche plein de domaines : la santé, l’environnement... C’est bien que Nuit debout ne soit pas toujours à l’origine des actions mais soutienne ce genre d’initiative. C’est cela aussi, la convergence des luttes. »