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Le travail social pour redonner une place au sujet
Article mis en ligne le 17 novembre 2013
dernière modification le 14 novembre 2013

Ne pas savoir où dormir, vivre dans des conditions insalubres, envahit les pensées et réanime l’angoisse. Cependant, le travail social ne permet pas toujours de répondre à une demande au moment souhaité. A partir de cette contrainte, comment peut-il malgré tout redonner une place de sujet ? Le témoignage de Julie Merle, assistante sociale au Centre Primo Levi.

Tout d’abord en accordant du temps à la personne en face, car cela permet non pas de s’arrêter sur la demande mais sa demande. Ce cadre, qui peut être amené par l’institution ou par le travailleur social, favorise souvent un meilleur accueil, une écoute plus fine et a fortiori une meilleure prise en compte de l’autre.

Laisser le temps de dire, d’expliquer, de déposer la demande dans un cadre garantissant la confidentialité, un bureau isolé par exemple, c’est déjà placer la personne comme sujet.

Le temps que l’on accorde est d’autant plus important que les patients que nous recevons sont confrontés quotidiennement à un accueil souvent expéditif et à des refus administratifs récurrents. Dans le cas des personnes victimes de torture, le manque d’estime et de considération les renvoie parfois aux violences subies, ce qui les maintient dans la place d’objet de leurs persécuteurs.

Considérer l’autre, c’est aussi le prendre en compte dans sa globalité : dans ce qu’il est, dans ce qu’il a construit, vécu jusqu’aujourd’hui. C’est tenter de lui montrer que l’exil fait partie de sa vie. Même s’il a été transformé, il reste quelqu’un qui avait une place dans la société avant la fuite. Et qu’il peut retrouver une autre place dans cette terre d’accueil.

Parfois, tout simplement, il s’agit aussi de permettre à la personne de s’échapper quelques instants de son statut d’exilé, de précaire, en lui offrant la possibilité de faire une sortie culturelle, une activité sportive… Cela permet de désamorcer, d’apaiser un temps soit peu l’angoisse. De renouer avec soi-même pour moins se perdre dans les méandres de l’errance.

Prendre le temps... tout en tenant compte des temporalités !

Un des effets de la violence politique est qu’elle immobilise, « fige » les personnes qui en ont été victimes (...)

L’assistance sociale n’est donc en aucun cas l’assistanat. Il s’agit de soutenir, d’être à l’écoute, d’accompagner pour que l’autre retrouve une place dans la société, une légitimité. C’est aussi tenter de redonner l’envie en réanimant la capacité de choisir, en plaçant la personne au centre de notre action. Parce qu’avant tout, prendre une place de « sujet », c’est surtout se remettre à désirer. (...)