
Le 19 Mars 2014, le ministre de l’Intérieur Giannis Michelakis a présenté un amendement au projet du code de l’immigration prévoyant l’arrestation, la poursuite et l’expulsion des migrants qui accusent des employés du gouvernement de recourir à la violence contre eux, si un procureur détermine que les accusations sont fausses ou que la preuve est insuffisante pour porter ces accusations. L’amendement controversé a été retiré à deux reprises dans le projet de loi la semaine dernière au milieu des critiques des partis de l’opposition et du PASOK, partenaire de la coalition gouvernementale.
Pour Eva Cossé, spécialiste pour Human Right Watch en Grèce, « les propositions de dernière minute du gouvernement ciblant les migrants qui dénoncent les abus de la police vont dans la mauvaise direction. Au lieu d’encourager les victimes à se manifester, ces changements auront un effet dissuasif et vont augmenter les obstacles existants pour que la justice soit rendue. »
La disposition serait contraire au principe de non-discrimination, car elle limiterait l’accès à la justice pour les migrants victimes d’abus de l’application de la loi, selon Human Rights Watch. Elle pourrait également renverser la présomption d’innocence au détriment des victimes et des témoins d’abus de l’application de la loi, en créant une présomption légale de culpabilité envers la personne qui dépose la plainte si le procureur décide de ne pas porter plainte contre un agent de police.
Dans le même temps, le gouvernement a supprimé une disposition du projet de loi qui aurait donné aux procureurs le pouvoir d’accorder des visas humanitaires aux victimes sans papiers et aux témoins de crimes et d’autres faits graves, y compris les crimes de haine. Human Rights Watch a entendu à maintes reprises des victimes de violence raciste en Grèce que les menaces par la police de détention et d’expulsion dissuadent les migrants de dénoncer une agression raciste ou toute poursuite judiciaire.
Pour Human Rights Watch, le gouvernement grec doit immédiatement renoncer aux lois qui décourageraient les migrants de dénoncer les abus de l’application de la loi. Le gouvernement devrait également réintroduire des mesures pour protéger les victimes sans papiers et des témoins de crimes, y compris de violence raciste.