
Trois associations féministes avaient saisi la justice après des témoignages de femmes qui assuraient avoir été contraintes à des « pratiques sexuelles hors normes et douloureuses ».
Michel Piron est retenu notamment pour agressions sexuelles ainsi que pour complicité de plusieurs infractions parmi lesquelles viols aggravés, proxénétisme aggravé et traite des êtres humains, selon le parquet de Paris. Par ailleurs, trois hommes, présentés comme des « acteurs » par une source proche du dossier, sont en garde à vue pour viols aggravés ou en réunion, traite des êtres humains ou encore proxénétisme, précise le parquet. (...)
Des pratiques sexuelles sans consentement
Le parquet avait confié en juillet 2020 cette enquête, ouverte après un signalement adressé par les associations Osez le féminisme, Les Effronté-es et le Mouvement du nid, à la police judiciaire parisienne. Ces associations relayaient les témoignages de plusieurs actrices qui assuraient avoir été contraintes à des « pratiques sexuelles hors normes et douloureuses » alors qu’elles n’étaient pas consentantes. D’après le parquet, « la procédure compte sept plaignantes » à ce jour.
Ce signalement avait suivi la diffusion en février par le site Konbini d’une vidéo intitulée « Les coulisses sordides du porno amateur », dans laquelle deux femmes témoignaient de ces pratiques. Dans un livre-enquête intitulé Judy, Lola, Sofia et moi (éd. Goutte d’Or, 2018), le journaliste Robin d’Angelo a raconté son infiltration dans l’industrie du porno amateur et dénoncé l’absence récurrente de consentement et le non-respect du droit du travail.
« C’est un grand jour pour toutes les femmes victimes. La fin de l’impunité pour l’industrie criminelle pornographique », s’est félicitée, de son côté, Lorraine Questiaux, avocate des trois associations à l’origine du signalement. (...)
« L’impunité des pornocriminels se fissure et la justice écoute, enfin, les victimes. C’est toute l’industrie pornographique qui est dorénavant face à la justice : acteurs, rabatteurs, producteurs, réalisateurs, diffuseurs constituent un véritable système proxénète et criminel », écrit, de son côté, Osez le féminisme dans un communiqué. « Le “porno amateur” est un vaste mensonge. Seul existe un système de proxénétisme organisé. (...)