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Le plan de relocalisation des Afghans au Royaume-Uni sous le feu des critiques
Article mis en ligne le 10 août 2022

Un an après la prise de Kaboul par les Taliban, les réinstallations d’Afghans au Royaume-Uni sont loin d’être satisfaisantes, selon plusieurs ONG. Des centaines d’enseignants, de traducteurs ou d’employés d’entreprises britanniques demeurent bloqués dans le pays, malgré leur autorisation d’être admis sur le sol anglais.

Des milliers de personnes ayant travaillé pour des institutions ou des entreprises du Royaume-Uni demeurent bloqués en Afghanistan, un an après la prise du pouvoir par les Taliban. Dans une synthèse adressée aux parlementaires britanniques et révélée par The Guardian, neuf groupes d’experts sur les droits humains, parmi lesquels des ONG comme Human Rights Watch, dressent un bilan critique des deux programmes britanniques de relocalisation.

D’un côté, le programme ARAP (pour "Afghan relocations and assistance policy") a déjà permis à 10 100 Afghans de rejoindre le Royaume-Uni. De l’autre, le programme ACRS (pour "Afghan citizens resettlement scheme"), annoncé en janvier 2022, doit permettre encore 20 000 relocalisations. Mais ces deux programmes sont jugés "indûment restrictifs" dans leur application, estiment les experts.
"J’ai déménagé onze fois"

Cent neuf enseignants qui travaillaient en Afghanistan pour le British Council, une institution émanant du gouvernement britannique, sont, par exemple, toujours bloqués dans le pays. Or, tous disposent bien d’une autorisation de réinstallation au Royaume-Uni. Sauf qu’aucun moyen sûr de quitter le pays n’a encore été mis en place pour eux.

"L’échec du British Council - et du gouvernement britannique - à garantir la sécurité de ses enseignants a considérablement terni son excellent travail au sein du pays", commente Joseph Seaton, directeur adjoint du British Council en Afghanistan, cité par The Guardian. (...)

"Depuis que les Taliban ont perquisitionné ma maison, j’ai déménagé onze fois. Les Taliban ont fouetté ma fille, alors âgée de 8 ans, pour qu’elle leur dise où j’étais", témoigne Mahmoud, l’un de ces 109 enseignants. Celui-ci a également expliqué avoir subi des menaces de mort, avant même la prise de Kaboul par les Taliban, ce dont témoignent au moins deux courriers fournis aux ONG.

"Nous savons que nos anciens collègues vivent dans des circonstances de plus en plus désespérées", ont réagi officiellement les équipes dirigeantes du British Council. (...)

Des refus d’éligibilité "honteux" (...)

Pour les relocalisés, un manque de suivi psychologique

De leur côté, les groupes d’experts recommandent d’étendre le programme ARAP et d’accélérer les procédures d’admission sur le territoire britannique des personnes confirmées éligibles. S’agissant du programme ACRS, les ONG conseillent également de l’étendre au-delà du seuil fixé de 20 000 personnes.

En outre, les défenseurs des droits humains s’inquiètent des conditions d’accueil des Afghans amenés sur le territoire britannique. Les 10 000 Afghans déjà relocalisés vivent encore, pour la plupart, dans des hébergements officiels peu adaptés, avec un manque de suivi psychologique. Or, Human Rights Watch alerte sur de graves problèmes de santé mentale chez de nombreux évacués. (...)