
La création en 2007 du ministère de l’identité nationale et de l’immigration a fait couler beaucoup d’encre. On y a vu à juste titre la consécration officielle de thèses identitaires inspirées par une pensée d’extrême-droite. Le point d’orgue de cette évolution délétère du discours officiel a eu lieu cet été avec la mise en place d’une politique racialiste anti-tsigane et l’instauration par le chef de l’Etat d’une ligne de partage entre les "vrais français" et ceux qui ne le sont que par intérim. Depuis lors, il n’existe plus de réelle différence idéologique entre l’UMP et le Front national, ce qui laisse présager d’inquiétants rapprochements. La nocivité du poison de l’identité nationale n’est pas à démontrer et continuera hélas à structurer la vie politique de ce pays jusqu’à ce que soit définitivement tournée la page du sarkozysme.
Dans ce contexte, la disparition du ministère maudit est-elle une bonne nouvelle ? Ce n’est pas si sûr car le ministère de l’immigration ne disparaît pas : il est simplement intégré au ministère de l’intérieur.
(...) La personnalité même du nouveau ministre de l’intérieur et de l’immigration n’a évidemment pas de quoi rassurer. Le primat chez Brice Hortefeux d’une vision purement policière des problèmes sociaux et ses nombreux dérapages verbaux hâtivement revêtus du sceau de l’humour ne peuvent qu’inquiéter ceux qui, dans ce pays, sont encore attachés aux idéaux humanistes et universalistes définis par la Révolution française et tant de fois malmenés depuis. (...)