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Non-fiction
Le discours raciste, la loi, les juges
Envoyer les racistes en prison ? Le procès des insulteurs de Christiane Taubira Gwénaële Calvès Éditeur : LGDJ
Article mis en ligne le 4 janvier 2016
dernière modification le 31 décembre 2015

C’est un livre roboratif que vient de publier Gwénaële Calvès sur une question où la référence au « politiquement correct » avait fini par être l’arbitre des élégances entre ceux pour qui « on ne peut plus rien dire » (« on ne peut même plus rigoler », disent-ils, sans peut-être avoir vu le spectacle en cours de Patrick Timsit à La Gaîté Montparnasse) et ceux pour qui la liberté d’expression, pour être un « droit fondamental », n’en a pas moins des limites, dont celles touchant aux injures, aux diffamations, à la négation ou à l’apologie des crimes contre l’humanité, aux discours et provocations à la haine.

Gwénaële Calvès s’intéresse ici à l’injure raciste à partir de cas précis ayant par ailleurs entre eux une unité. Il s’agit en premier lieu du jugement rendu le 8 juillet 2014 par le tribunal correctionnel de Cayenne contre une militante du Front national et le Front national lui-même pour un photomontage publié par la première sur sa page Facebook et consistant en une photographie d’un petit singe habillé en fillette à laquelle était accolée la photographie de la garde des sceaux Christiane Taubira. Il s’agit, d’autre part, du jugement de relaxe d’un dessinateur de Minute pour un dessin représentant Mme Taubira, un dessin publié en réaction au jugement de Cayenne, ainsi que le jugement de condamnation de Minute pour une « Une » représentant « étrangement » Mme Taubira et accompagnée d’une légende « Maligne comme un singe, Taubira retrouve la banane ».

Justification de l’exclusion de l’injure raciste de la liberté d’expression

L’auteure ne s’attache donc qu’à une seule des limites légales de la liberté d’expression en France, celle tenant à l’injure raciste. Ainsi, son sujet est à la fois précis et restrictif puisque, d’une part, elle n’envisage que de manière secondaire et systémique la diffamation raciste ou la provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence raciste, et que, d’autre part, elle n’envisage pas les incriminations légales (injures, diffamations, provocations) des discours dirigés contre une personne ou un groupe de personnes à raison de la religion, du sexe, de l’orientation sexuelle, du handicap, quand bien même arrive-t-il au langage des médias de parler confusément à propos de ces derniers sujets de « racisme ». Cette unité du sujet a son importance, tant il est vrai que beaucoup de considérations générales sur « la » liberté d’expression « en danger » ont intérêt à ignorer certains interdits légaux moins « médiatiques », ainsi qu’à se dispenser des différences entre les catégories légales et, s’agissant spécialement de la loi de 1881, de ses particularismes procéduraux si … particuliers et « rébarbatifs » aux profanes.

Clairement et sans la moindre équivoque, Gwénaële Calvès défend la pénalisation de l’injure raciste (...)