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Le dilemme du modèle agro-exportateur marocain
Article mis en ligne le 28 mai 2014
dernière modification le 25 mai 2014

Nouvelles dispositions européennes pour limiter l’accès des fruits et légumes marocains au marché européen

Après l’adoption par l’Union européenne (Conseil de l’Union européenne, Commission européenne et Parlement européen) en décembre 2013 de la nouvelle PAC (Politique agricole commune) pour la période 2014-2020, le Conseil de l’UE vient de publier en ce mois d’avril 2014 les nouvelles dispositions résultant des mesures d’application (actes délégués) consécutives à cette réforme applicables aux pays tiers, dont le Maroc, à compter du 1er octobre 2014.
La réforme de la PAC s’insère dans un projet plus global adopté en 2010 appelé « stratégie Europe 2020 ». C’est une stratégie de coordination des politiques économiques au sein de l’Union européenne sur une période de dix ans pour sortir de la crise. Elle est axée sur les dogmes libéraux : augmenter la compétitivité de l’Europe au niveau mondial par le développement des investissements dans la recherche et l’innovation, « la croissance verte » ou encore l’éducation et l’emploi… et par la création d’une nouvelle forme de « gouvernance économique ».
Les débats sur la PAC ont commencé aussi en 2010 et portaient sur la contribution que la PAC peut offrir au développement de « la stratégie Europe 2020 ». Et dans son essence, la PAC est au service des grands exploitants, l’agro-industrie et les centrales de distribution. Elle est axée sur l’exportation et la « compétitivité » (par d’énormes subventions) qui permet de continuer le dumping vers les pays du Sud. (...)

Quel impact sur les exportations agricoles marocaines ? Cas de la tomate (...)

L’État encourage la culture de tomate, d’agrumes, la fraise et autres produits de dessert et abandonne les cultures vivrières de base telles que les céréales (65 % de la superficie agricole utile total), les légumineuses, la betterave et la canne à sucre. C’est ainsi que le Maroc est devenu un grand importateur de blé et d’aliments de base. Leurs prix se renchérissent sur le marché local et deviennent difficilement accessible pour une large majorité des classes populaires qui vivent avec un faible revenu. Et le Maroc est dans une totale dépendance alimentaire.
L’exception agricole dans les accords commerciaux bilatéraux avec l’UE

Cet acte unilatéral de l’UE a mis le gouvernement marocain dans une situation d’embarras alors que le 4ème round de négociations autour de l’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) entre le Maroc et l’UE venait juste de se clôturer à Bruxelles le 11 avril 2014. (...)

Le Maroc est perdant dans tous ces accords tant à l’export qu’à l’import. De façon générale, son déficit commercial à l’égard de l’Union européenne ne cesse d’augmenter : il est passé de 63 653 millions de dirhams en 2009 à 78 429 millions de dirhams en 2013, soit 39 % du déficit commercial global du Maroc. Il est accentué essentiellement par le déficit des échanges commerciaux dans le cadre des Accords de libre-échange avec l’UE |21| qui a atteint 55 386 millions de dirhams en 2013. Pour ce qui est des produits alimentaires (hors produits de la mer), le taux de couverture des importations par les exportations ne cesse de diminuer : de 56 % en 2009, il est tombé à 39 % en 2012 (...)

Un développement harmonieux basé sur la satisfaction des besoins essentiels de la majorité des citoyens et respectant la nature nécessitera une large mobilisation populaire contre l’ensemble des accords de libre échange qui pillent nos richesses.

Nous devons également exiger l’annulation de la dette publique et rompre avec les diktats des institutions financières et commerciales internationales (Banque mondiale, FMI et OMC).
Les grands patrons agricoles au Maroc comme en Europe sont en compétition pour conquérir les parts de marché pour écouler leurs produits agricoles industriels bourrés de pesticides et génétiquement suspects. Leurs gouvernements respectifs les soutiennent par l’adoption du modèle agro-exportateur productiviste aux multiples effets destructeurs sur la paysannerie, les liens ruraux, les cultures de subsistance, la qualité alimentaire, et l’environnement.

Nous devons refuser ce modèle de l’agrobusiness et recouvrer notre souveraineté alimentaire et notre plein droit de produire nos produits alimentaires de base sur nos terres. Pour cela, nous devons mener des combats collectifs à l’échelle mondiale, régionale et locale dans des réseaux, des collectifs, des coordinations, etc. regroupant ouvriers, ouvrières, paysans, consommateurs, et tous les militants et les militantes de la cause populaire.