Une analyse rétrospective fouillée de l’évolution des inégalités et des propositions pour y remédier.
L’ouvrage de Thomas Piketty, Le capital au XXIe siècle, analyse les conséquences de l’héritage sur l’accroissement des inégalités sociales et formule des propositions pour tenter de contrecarrer ce phénomène. L’intérêt de ce livre, abondant en statistiques et en analyses économiques pointues, est qu’il mêle les apports de plusieurs sciences sociales, en particulier l’histoire et l’économie, et fait appel à la culture dans toutes ses dimensions (littérature, séries télévisées) pour mettre en évidence les représentations sociales liées à la richesse en capital. (...)
Compréhension de la répartition des richesses sur le long terme
Selon l’auteur, il est intéressant d’étudier l’évolution de la répartition des richesses en ce que l’analyse de l’accumulation du capital et de sa concentration tend à démontrer leur polarisation croissante.
En effet, une idée communément admise présente la croissance moderne comme facteur positif, favorisant le travail par rapport à l’héritage et les bénéfices de la compétence par rapport aux inégalités liées à la naissance. Or, dans ce livre, Piketty nuance fortement ce point de vue en expliquant que l’influence de l’héritage n’a jamais autant pesé dans la répartition des richesses et qu’une croissance faible tend à favoriser les patrimoines des rentiers par rapports aux rémunérations que les salariés tirent de leur travail. (...)
Illustrations et explications des inégalités sociales liées à la détention de capital
Sans chercher à être exhaustif, il est intéressant de noter que Piketty a recours à la littérature et aux séries télévisées pour illustrées ses analyses économiques
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C’est dans la quatrième partie de l’ouvrage qu’est formulée l’idée phare de l’ouvrage, une proposition ambitieuse et d’utopie utile : l’idée d’un impôt progressif sur le capital mondial. Piketty n’est pas le premier à proposer cela, l’économiste Maurice Allais en ayant déjà promu le principe dans les années 1970. Il s’agit donc de combiner les bénéfices de la logique de marché, selon laquelle le prix de l’immobilier baisse quand l’offre de logements permet de satisfaire la demande, avec une régulation publique internationale par le biais de la fiscalité sur le capital.
À l’issue de la lecture, on se dit que cet ouvrage d’économie politique constitue une œuvre utile et contribue au débat public sur les choix de politiques économiques, en apportant les lumières des choix passés pouvant participer à la formulation de propositions concrètes pour demain, qui contribueraient à réduire sensiblement les inégalités.