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Le Monde
Le Sénégal lance un projet de forêts nourricières et médicinales
Article mis en ligne le 23 août 2020
dernière modification le 22 août 2020

A travers la création d’unités agroécologiques, le programme Tolou Keur a pour objectif de renforcer l’autosuffisance des villages tout en luttant contre la déforestation.

A quelques encablures d’une zone industrielle d’où s’échappent des volutes de fumée, Belvédère se démarque par ses baobabs et ses champs verts nouvellement plantés. « Avant, il n’y avait rien ici », commente Djibril Sall, le chef de ce village situé à une quarantaine de kilomètres de Dakar. « Nous avons peu de moyens. Mais grâce au “tolou keur” [« champ de la maison », en wolof], nous n’avons plus besoin de nous déplacer chercher des fruits, des légumes ou des œufs au marché. Nous avons maintenant tout sur place, en bas de chez nous », se félicite le vieux sage dans son boubou bleu. (...)

Le projet Tolou Keur vient d’être lancé par l’Agence sénégalaise de la reforestation et de la grande muraille verte (ASERGMV), présidée par le militant écologiste et ancien ministre de l’environnement Haïdar El Ali. Trois projets pilotes ont déjà été inaugurés près de Dakar, Fatick et Kédougou. Alors que la « grande muraille verte » du Sahel, dans le nord du pays, a du mal à atteindre ses objectifs de lutte contre la désertification, Tolou Keur se présente comme une solution de reforestation du Sénégal. Encore faut-il que les populations locales se mobilisent.
Mare à poissons et panneaux solaires

A Belvédère, l’objectif est de planter collectivement, avec la soixantaine de villageois, une forêt nourricière et médicinale de 5 000 m2 à quelques pas de leurs maisons. Autour d’un petit poulailler central construit à partir de matériaux locaux et recyclés, sont plantés, en cercle, des arbres fruitiers, une soixantaine de légumes variés et des plantes médicinales comme l’artemisia ou l’aloe vera. (...)

Ce modèle peut être construit en dix jours, pour un investissement très faible. (...)

Face à la crise du coronavirus, l’ASERGMV a voulu aider Belvédère, village sans eau ni électricité, à devenir plus autonome, de façon écologique. Le projet global inclut donc aussi une petite mare avec des poissons et des panneaux solaires pour pomper l’eau des nappes phréatiques afin d’irriguer les plantations. « Nous sommes ici pour apporter de la souveraineté et de l’autosuffisance alimentaire, mais aussi médicinale, car les “tolou keur” deviennent de véritables centres de santé », assure Karine Fakhoury, directrice des écovillages et des filières vertes de l’ASERGMV.
« Une véritable banque de semences » (...)

D’ici à décembre, le programme Tolou Keur espère former une centaine de formateurs afin de développer un millier de sites similaires à travers le Sénégal en 2021. A terme, l’objectif est de créer 5 000 emplois directs et 10 000 emplois indirects. Et surtout d’implanter des « tolou keur » dans le nord du pays, au cœur de la grande muraille verte. Pour y parvenir, l’initiative manque encore de financements et appelle aux investissements de partenaires publics ou privés. (...)