Le Monde diplomatique n’est friand ni de sondages ni d’études de marché. Il trace sa ligne sans chercher à plaire. Ce en quoi il se distingue de la plupart des autres publications. Au risque de plaire, justement.
En lançant une enquête auprès de ses lecteurs vingt ans après la dernière, l’équipe du mensuel souhaitait mieux connaître une population dont le renouvellement a été important. En juin 2014, le tassement de nos ventes, qui nous préoccupait depuis une dizaine d’années, a été enrayé. Quelques mois plus tard, celles-ci se sont redressées sensiblement, en dépit du climat de déprime qui frappe la presse et qu’accentuent la profusion d’informations gratuites ainsi que le sentiment largement partagé qu’« on n’a plus le temps ». Notre numéro d’août dernier a enregistré un niveau de diffusion que nous n’avions pas connu depuis quinze ans. Le bilan financier du journal témoigne de ces résultats (lire « Résultat 2017 »).
Pour des raisons de commodité dans le dépouillement, notre questionnaire ne s’adressait pas aux lecteurs des trente éditions internationales du Monde diplomatique. Ils représentent cependant une fraction décisive de notre audience dans le monde et un relais indispensable pour nos idées et nos valeurs à l’étranger.
Les réponses au questionnaire diffusé dans notre édition française et sur Internet en mai dernier ont chamboulé toutes nos prévisions sur un point essentiel : leur nombre. En moins d’un mois, 14 713 personnes ont rempli le formulaire en ligne, et 2 040 celui sur papier. En outre, 12 432 personnes ont complété le questionnaire d’appréciations et de commentaires libres. Cette marque d’intérêt appuyée est d’autant plus appréciable que nous avions prévenu : « Vos réponses ne bouleverseront pas notre ligne éditoriale. » À vous lire, tel est précisément votre souhait… (...)
En définitive, on peut interpréter la satisfaction de nos lecteurs moins comme le reflet du travail toujours perfectible de notre petite équipe que comme l’attachement obstiné à un repère. Dans le tourbillon technologique, politique et culturel qui exalte la mobilité, l’immédiateté et le changement permanent, Le Monde diplomatique cultive une constance ombrageuse, une singularité intellectuelle et un certain classicisme. C’est cette forme de résistance que vous nous encouragez à poursuivre.