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Lampedusa : construite pour la paix, l’Europe fait la guerre aux pauvres
Article mis en ligne le 8 octobre 2013

Que dire devant ce massacre des innocents qui fuyaient la guerre, la famine et les dictatures ? Que dire devant les cadavres de ces 300 malheureux morts pour la seule raison d’avoir eu la folle idée de passer d’un continent à l’autre au nom du droit à la liberté de circulation ?

Les larmes de crocodile et la défausse compassionnelle des dirigeants européens ne peuvent masquer la réalité crue et ignoble. Ces 300 morts accusent l’Europe de non-assistance à personnes en danger.

Au-delà de la honte, si bien exprimée par le pape François, c’est un crime qui ne dit pas son nom. Pendant que nous assistons à l’insoutenable sur nos écrans de télévision, un même crime se répète chaque jour aux Comores, dans le silence le plus abject.

La France de Hollande, barricadée à Mayotte, bafoue le droit international en continuant d’appliquer dans toute sa dureté les règles découlant du « visa Balladur ». Depuis 1994, plus de 8 000 morts ont ainsi été dénombrés dans le bras de mer de 70 km de large qui sépare l’île d’Anjouan de Mayotte.

Ainsi, pour toute réponse à « la misère du monde », les Etats riches ne trouvent-ils que la voie répressive. Ils érigent des barrières et des miradors, comme à Ceuta et Melilla, dépensent des centaines de millions d’euros chaque année dans les dispositifs Frontex et Eurosur, pour contrôler et pourchasser les migrants, subventionnent les Etats africains pour qu’ils contrôlent en plein désert leurs ressortissants, développent les camps de rétention en Afrique et en Europe. Tout cela en pure perte. (...)

La généralisation de ces clôtures et barbelés antimigrants devrait pourtant nous faire réfléchir. A quoi servent ces obstacles qui ne dissuaderont jamais ceux qui préfèrent risquer leur vie sur des rafiots de fortune plutôt que de rester dans des pays ravagés par la violence et la misère ? Ces lignes Maginot du XXIe siècle sont aussi inutiles qu’illusoires.

Elles servent, avant tout, à tromper les populations des Etats qui les érigent en refusant d’admettre cette simple vérité : « les flux migratoires » ne sont pas des invasions mais des mouvements de population normaux dans un monde ouvert. (...)

Les centaines de millions dépensés pour équiper les pays riverains et frontaliers pourraient être mieux employés en programmes de réinstallation ou en projets de codéveloppement. Au lieu de vendre des armes aux dictateurs, on pourrait construire des hôpitaux. On pourrait décider d’en finir avec les subventions à l’exportation aux agriculteurs européens qui détruisent les productions vivrières des paysans africains. Des corridors humanitaires pourraient être organisés, à commencer par la Syrie. Le droit d’asile pourrait être étendu, mieux partagé par tous les pays de l’Union européenne…

Mais les Etats de l’Union ne feront rien de tout cela. Trop difficile à « vendre » à leurs opinions respectives, pas assez rentable, trop « droitdelhommiste ». On oubliera Lampedusa jusqu’à la prochaine fois. Les oubliés de l’Histoire passeront par pertes et profits, comme toujours.

Tant de lâcheté et de pleutrerie confondent.