un canal numérique continue de diffuser en direct les émissions de l’ERT, reprises également sur Internet. « Depuis ce soir, environ 60% des Athéniens peuvent regarder notre programme », sourit un ingénieur technicien. La magie porte un nom : l’Union européenne de radio-télévision (UER, « European Broadcasting Union »). L’organe interprofessionnel représentant l’ensemble des radiodiffuseurs de service public d’Europe a fourni gratuitement un canal à ERT.
« Nous n’avons évidemment jamais été confrontés à un épisode de ce genre, qui est en réalité totalement inimaginable dans une démocratie », a expliqué au Monde le président de l’UER. « Nous savons, en revanche, que lorsqu’il postule à une adhésion (à l’Union européenne, ndlr), un Etat doit démontrer qu’il dispose d’un émetteur public indépendant et doté d’une autonomie de gestion. »
Ce qui est toujours le cas en Grèce, au grand dam du gouvernement. La liaison part du siège, relayé par satellite ou par de discrets opérateurs privés. « Je remercie vivement les syndicats de toutes les radio-télévisions publiques européennes qui ont pris parti contre la fermeture en nous aidant bénévolement à trouver les moyens d’émettre », poursuit le technicien, qui souhaite rester anonyme. « Pour moi, ce n’est pas une question d’emploi ou de salaire, mais une question de liberté ! » Avec la grève de l’ensemble des journalistes audiovisuels grecs, ce 12 juin, les programmes de l’ERT clandestine étaient les seuls à être diffusés. Situation cocasse : le parti gouvernemental Nouvelle démocratie (droite) s’est plaint de ne plus avoir accès aux médias et d’être boycotté par ERT... (...)
Cette crise interne pourrait déboucher sur un vote de confiance au Parlement, et d’éventuelles élections anticipées. « Nous allons résister contre cette action digne d’une dictature », assure de son côté la journaliste Nicky Tselika. Autour d’elle, chacun s’active pour continuer d’informer.