
La solidarité peut être réprimée sous différents chefs d’inculpations, et les procès se multiplient, pas seulement en France
Mercredi 27 juillet, un rassemblement est prévu en hommage d’un exilé mort l’avant-veille. Devant l’augmentation du nombre de décès à la frontière, ça a été une décision inter-associative de tenir ce genre de rassemblement, par refus de la banalisation de ces morts. Celui-ci est interdit par la préfète du Pas-de-Calais au nom de l’état d’urgence. Les personnes venues au rassemblement se dispersent, mais l’une d’elle est arrêtée assez brutalement. Arrivée au commissariat, elle déclare spontanément qu’elle a un canif dans son sac. Traduction policière : rébellion, port d’arme et participation à un attroupement interdit sous l’état d’urgence.
Le procès a eu lieu hier 29 novembre. Le tribunal a relaxé sur les deux premiers chefs d’inculpation qui n’étaient pas constitués en droit, et a condamné à une amende de 400 € avec sursis pour le troisième. Même pas mal d’une certaine manière, mais ni la constitution d’un dossier à charge par la police, ni la violation du droit constitutionnel à manifester au nom d’un état d’urgence sensé servir à lutter contre le terrorisme ne posent problème devant un tribunal.
Demain à Nice, ce sera le procès d’un photographe qui faisait son travail trop près de la frontière italienne, sur le sujet trop sensible de la migration. Rappelons qu’à l’occasion de la destruction du bidonville de Calais, quatre journalistes britanniques ont été arrêtés et expulsés du territoire, et leur traducteur placé en rétention, et un journaliste français arrêté et assigné à résidence dans l’attente de son procès. (...)
À Bruxelles, ce sont des passagers d’un avion qui se sont levés parce qu’ils ont entendu les cris d’une personne qui étouffait à l’arrière de l’avion, que cette personne était un expulsé que la police essayait de faire taire. Et si la police a été obligé de renoncer à l’expulsion, elle a aussi obligé quelques personnes qui étaient dans l’avion à descendre et elles sont poursuivies pour rébellion.
Le procès de deux d’entre elles a lieu à Bruxelles demain 1er décembre. (...)
À Calais comme ailleurs, le procès des personnes qui refusent l’inacceptable. À quand le procès de l’inacceptable ?