Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
The Newstation
La société poussée vers l’abîme : Orwell et London témoignent
mercredi 2 juin 2010, par Benjamin
Article mis en ligne le 7 juin 2010
dernière modification le 4 juin 2010

Un peu daté, George Orwell ? Un rien dépassé, Jack London ? Absolument pas. Il suffit de se replonger dans certains de leurs livres, ceux qui décrivent la misère absolue du prolétariat anglais au début du 20è siècle et qui mettent à nu les rouages de l’impitoyable exploitation capitaliste de l’époque, pour être frappé par leurs accents contemporains. Des indispensables, à relire immédiatement.

...« Je tiens toutefois à souligner deux ou trois choses que m’a définitivement enseignées mon expérience de la pauvreté. Jamais plus je ne considérerai tous les chemineaux comme des vauriens et des poivrots, jamais plus je ne m’attendrai à ce qu’un mendiant me témoigne sa gratitude lorsque je lui aurai glissé une pièce, jamais plus je ne m’étonnerai que les chômeurs manquent d’énergie. Jamais plus je ne verserai la moindre obole à l’Armée du Salut, ni ne mettrai mes habits en gage, ni ne refuserai un prospectus que l’on me tend, ni ne m’attablerai en salivant par avance dans un grand restaurant. Ceci pour commencer. »
Orwell, Dans la dèche à Paris et à Londres...

...Deux auteurs-romanciers-journalistes "classiques", Jack London et George Orwell [1], ont en leur temps plongé dans la misère sociale pour mieux en étudier les causes et les ressorts. Des analyses aux résonances contemporaines troublantes, qui apportent un éclairage essentiel sur la situation de l’époque, et partant, sur la nôtre....

...Étonnantes trajectoires parallèles chez ces deux auteurs, décalées de quelques années seulement, et qui les poussent pourtant à des conclusions diamétralement opposées : l’un imagine la Révolution et l’instauration d’une société plus égalitaire, l’autre brosse génialement les traits d’un totalitarisme absolu....

...« La faim réduit un être à un état où il n’a plus de cerveau, plus de colonne vertébrale. L’impression de sortir d’une grippe carabinée, de s’être mué en méduse flasque, avec de l’eau tiède qui circule dans les veines au lieu de sang. L’inertie, l’inertie absolue, voilà le principal souvenir que je garde de la faim. »
Orwell, Dans la dèche à Paris et à Londres.