
(...) Ce que les Syriens ne supportent plus et ce que la communauté internationale supporte de moins en moins, c’est d’entendre le régime syrien tirer parti de l’existence ici et là de quelques individus ou de quelques groupes armés... qu’il a appelés de ses vœux et qu’il a contribué à créer, pour justifier que les militaires et les forces de sécurité ouvrent le feu sans sommation sur des cortèges de manifestants, qui, eux, ne détiennent et n’exhibent aucune arme. Les Syriens peuvent admettre que les soldats tirent sur ceux qui leur tendent des embuscades, pour les empêcher d’accéder à leurs villages ou à leurs quartiers, pour venger les leurs ou pour s’emparer de leurs munitions. Mais ils ne peuvent, et le monde entier avec eux, que se scandaliser d’entendre le plus haut responsable de l’Etat syrien nier l’évidence et qualifier "le mitraillage délibéré" de ses concitoyens dépourvus d’intentions bellicistes "d’affrontements" avec des éléments armés, qui de toute évidence ne sont pas les "terroristes" qu’il affirme et ne se trouvent pas là où il le prétend.
(...) Tout le monde sait que, durant les premières semaines de manifestations, les seules revendications des protestataires concernaient la liberté et la dignité dont ils avaient été trop longtemps spoliés. Pourquoi auraient-ils eu besoin d’armes, puisqu’il n’était question alors ni de renverser le régime, ni de contraindre au départ le chef de l’Etat ? (...)
Les Syriens avides de liberté et de dignité, qui restent dans leur immense majorité pacifiques, déplorent et condamnent les initiatives de certains de leur compatriotes. Mais ils en comprennent les raisons. Et ils se tournent avec plus d’insistance encore vers la communauté internationale, c’est-à-dire vers nous, pour nous supplier de ne pas les abandonner au démon de la guerre civile qui les guette.