
Plusieurs organisations paysannes, dont le mouvement international Via Campesina, appellent à une journée d’actions le 5 décembre. Alors que l’Afrique du Sud est le pays hôte de la 17e conférence des Nations-Unies sur le changement climatique, des millions de personnes dans les zones rurales et urbaines continuent de souffrir de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. Face aux accaparement massifs de terres agricoles et l’imposition d’une nouvelle « révolution verte », ces organisations expriment l’urgence d’une véritable réforme agraire pour la souveraineté alimentaire. (...)
L’humanité est confrontée à une crise alimentaire, économique et écologique qui est indissociable du système néolibéral capitaliste régissant la production, la distribution et la consommation alimentaire. Ces multiples crises mettent en évidence les limites du système de production capitaliste néolibéral. Aujourd’hui les sociétés transnationales et les gouvernements proposent de fausses solutions pour lutter contre le changement climatique, détournant de son objectif la Conférence des Parties des Nations Unies (COP17) également appelée la « Conférence des Pollueurs », qui se tiendra à Durban en Afrique du Sud. (...)
L’agriculture et les modes de production industrielles sont responsables du réchauffement climatique, des famines, de la dépossession des terres, des exodes massifs (souvent forcés) de paysans, de travailleurs ruraux et de communautés autochtones à travers le monde.
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Aujourd’hui, l’Afrique du Sud est la société la plus inégalitaire au monde. En Afrique du Sud, ce sont particulièrement les femmes qui ont ressenti l’impact de ces relations inégales et des exclusions.
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Les solutions proposées par les multinationales et les gouvernements sont d’ores et déjà en train de provoquer une recolonisation de l’Afrique et des pays de l’hémisphère Sud par le biais d’accaparement massifs de terres agricoles et l’imposition d’une nouvelle « révolution verte ».
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En tant qu’agriculteurs, travailleurs agricoles, femmes et hommes paysans sans terre, nous devons nous mobiliser à travers des actions directes contre ces fausses solutions afin de dénoncer leurs intentions criminelles et leurs conséquences catastrophiques pour le tout le continent et les pays du Sud. (...)
Lors de la Conférence mondiale des peuples sur les changements climatiques et le Droit de la Terre Mère (avril 2010) à Cochabamba, qui s’est tenue en Bolivie, les participants ont approuvé un Accord des peuples qui propose de véritables solutions au changement climatique... mais cet Accord et ces solutions ont été totalement ignorés par les gouvernements. La Souveraineté alimentaire et l’agroécologie sont les seules véritables solutions accessibles aux agriculteurs et aux travailleurs ruraux pour lutter contre le changement climatique.
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Nous appelons tous les paysans et paysannes, les travailleurs ruraux et les paysans sans terre ainsi que tous les mouvements sociaux à se joindre à nous – tant à Durban que partout dans le monde – le 5 décembre 2011 pour exiger un changement du système capitaliste dans son intégralité. (...)
La lutte contre le changement climatique est un combat contre le capitalisme néolibéral, contre l’accaparement des terres et la précarité foncière, contre la dépossession, contre la faim, contre pauvreté et l’inégalité. Cette crise à l’échelle de la planète exige que nous prenions des mesures directes. Pendant la journée consacrée à l’agroécologie et la souveraineté alimentaire, nous organiserons des manifestations pour porter notre protestation jusqu’à la conférence des pollueurs. Nous organiserons également des actions contre les multinationales comme Monsanto qui sapent notre souveraineté semencière. Toutes ces initiatives culmineront dans une grande Assemblée des Opprimés où seront débattus les moyens pour mettre un terme à ce système d’injustice.
Ce sera une journée d’actions continues au cours de laquelle les paysans et paysannes et les travailleurs ruraux de tout le continent africain, en association avec les mouvements sociaux du monde entier exigeront :
- Une véritable réforme agraire pour la souveraineté alimentaire
– La révolution agro-écologique comme solution au changement climatique
– La restructuration du système alimentaire
– Un participation pleine et égale des femmes dans le nouveau système alimentaire et dans la société dans son ensemble
– La construction d’un système alimentaire basé sur les besoins humains
– La fin du contrôle des multinationales sur nos ressources génétiques
– La souveraineté semencière afin que les semences puissent s’adapter et atténuer les changements climatiques (...)